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tenir, & à ce qu’on a enseigné précédemment à ce sujet.

On voit dans la Pl. VIII. n°. 2. c’est-à-dire, dans la seconde Pl. VIII. fig. 12. les différens outils dont se servent les Mineurs. Voici les noms de ces outils, avec les lettres qui les désignent dans la planche qu’on vient de citer.

A, sonde à tarriere de plusieurs pieces, & vûe de plusieurs façons.

B, sonde pour des terres.

C, grandes pinces dont une à pié de chevre.

D, petite pince à main.

E, aiguille pour travailler dans le roc, pour faire de petits logemens de poudre pour enlever des roches, & accommoder des chemins, & faire des excavations dans le roc.

F, drague, vûe de deux côtés.

G, beche.

H, pelle de bois ferrée.

I, masse, vûe de deux côtés.

K, massette, vûe de deux côtés.

L, marteau de maçon, vû de deux côtés.

M, grelet de travers.

N, grelet, vû de deux côtés.

O, marteau à deux pointes, vû de deux côtés.

P, pic-hoyau, vû de deux côtés.

Q, pic à roc, vû de deux côtés.

R, hoyau.

S, feuille de sauge, vûe de deux côtés.

T, ciseaux plats.

V, poinçon à grain d’orge.

X, ciseau demi-plat, vû de deux côtés.

Y, louchet à faire les rigoles pour les auges : ces louchets servent aussi à faire du gason.

Z, plomb avec son fouet & son chat.

&, équerre de mineur.

a, boussolle.

b, chandelier.

Les galeries que font les Mineurs pour aller jusque sous les endroits que l’on veut faire sauter, ont communément quatre piés & demi de hauteur, & deux piés & demi ou trois piés de largeur.

Pour que la galerie puisse opposer la résistance nécessaire pour empêcher la mine d’y faire son effet, il faut qu’elle soit plus longue que la ligne de moindre résistance du fourneau de la mine.

Car si l’on suppose que B, Pl. X. de fortif. fig. 1. soit le fourneau d’une mine construite dans le contrefort A, & C l’entrée de la galerie, vis-à-vis le fourneau B ; comme sa longueur BC est beaucoup moindre que la hauteur des terres & de la maçonnerie au-dessus du fourneau, quelqu’exactement que cette galerie puisse être remplie & bouchée, elle n’opposera point le même effet que ces terres & cette maçonnerie : ainsi, dans ce cas, la plus grande partie de l’effet de la mine se fera dans la galerie, ou, comme le disent communément les Mineurs, la mine soufflera dans sa galerie.

Mais si, pour faire sauter la partie du rempart vis-à-vis le point L & au-dessus, on fait l’ouverture de la mine en D assez loin de cette partie, & qu’on y conduise la galerie, en la coudoyant, comme de D en E, de E en F, de F en G, Pl. X. de fortif. fig. 2. & enfin de G en I, il est évident qu’on pourra alors emplir ou boucher une partie de cette galerie suffisamment grande, pour opposer plus de résistance à la poudre enfermée dans le fourneau, que la ligne de moindre résistance de ce fourneau ; & qu’ainsi, dans cet état, on peut faire faire à la mine tout l’effet qu’on en desire.

Il suit de-là que pour faire sauter une partie de rempart ou de revêtement par le moyen d’une mine, il faut ouvrir la galerie loin de cette partie, & l’y conduire par différens endroits ou retours. Ces re-

tours ont encore un objet bien essentiel, c’est qu’ils

donnent plus de facilité à bien boucher la galerie ; mais comme ils allongent le travail, on n’en fait qu’autant qu’il en est besoin, pour que la galerie soit capable d’une plus grande résistance que la ligne de moindre résistance que la mine.

Pour donner une idée de la maniere dont on remplit la galerie à chaque coude, soit ABCD, Pl. X. de fortif. fig. 3. un coude quelconque ; on commencera par planter des madriers verticalement le long de DC, & de même le long de AB, que l’on recouvrira d’autres madriers posés horisontalement, dont les extrémités porteront, savoir, ceux de DC vers C & vers D, & ceux de AB vers A & vers B. On adossera verticalement à ces madriers des pieces de bois appellées piés-droits, que l’on serrera de part & d’autre sur les madriers DC & AB, par de fortes pieces de bois mises en-travers, qui se nomment arcsboutans ou étrésilons ; & pour que ces pieces de bois pressent les madriers auxquels sont adossés les piés-droits avec tout l’effort possible, on les fait entrer à force, & l’on met de forts coins entre les extrémités des étrésilons & les piés-droits sur lesquels posent les extrémités des étrésilons. On remplit après-cela le vuide du coude de même matiere, dont on remplit celui du dessus de la chambre de la mine.

Il faut remarquer que la longueur de tous les contours de la galerie pris ensemble, n’expriment pas la résistance qu’elle peut opposer à l’effet de la mine ; car la poudre agissant circulairement, une galerie à plusieurs retours ne lui offre de résistance que suivant la ligne droite imaginée, tirée de son ouverture à la chambre de la mine, laquelle ligne pouvant être considérée comme la longueur de la galerie, c’est par elle que nous exprimerons cette longueur.

Soit B, Pl. X. de fortif. fig. 4. le fourneau d’une mine dont la ligne de moindre résistance est AB. Si les parties BC & CD de la galerie sont prises ensemble égales à la ligne AB, & si l’on suppose la galerie remplie de matériaux qui résistent autant que les terres de la ligne de moindre résistance, la mine fera son effort par la galerie ; car la poudre agira vers l’ouverture D de la galerie, suivant ce que nous venons de dire, selon la ligne BD, qui est plus petite que les lignes BC & CD, prises ensemble, & par conséquent moindre que la ligne de moindre résistance : donc, &c.

Il suit de-là qu’il faut évaluer la partie de la galerie qu’il faut remplir, non par la longueur des parties de cette galerie, mais par une ligne droite, tirée du centre du fourneau à un point déterminé de la galerie.

Des différentes especes de mines. Une mine qui n’a qu’une simple chambre ou fourneau, comme la mine A, Pl. X. de fortif. fig. 2. se nomme mine simple. Si elle a deux fourneaux, comme la figure B, fig. 5. le fait voir, la galerie en ce cas forme une espece de T, & la mine est appellée mine double. Si elle a trois fourneaux comme la mine C, fig. 6. elle est appellée mine triplée ou treflée ; & enfin, si elle en a quatre, mine quadruplée, & ainsi de suite, en prenant le nom du nombre de ses chambres ou fourneaux.

L’objet des mines à plusieurs fourneaux, est de faire sauter à la fois une plus grande étendue de rempart ou de terrein. On observe un tel arrangement dans leur distance que leurs efforts se communiquent, & on leur donne à tous le feu en même tems, par le moyen d’un saucisson qui communique à tous les fourneaux ; on détermine l’endroit où l’on doit mettre le feu au saucisson, de maniere que le feu arrive en même tems dans toutes les chambres. Il ne s’agit pour cela que de lui faire parcourir des parties éga-