Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/477

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’on juge à propos, en enlevant la terre qui est au tour : pour lors à coups de ciseaux on forme une entaille qui regne tout-au-tour de la masse de pierre arrondie, & l’on y fait entrer des coins de bois, ensuite on remplit le creux avec de l’eau, qui en faisant gonfler les coins de bois qu’on a fait entrer dans l’entaille, font que la meule se fend & se sépare horisontalement. On continue de même à creuser pour ôter la terre, & à arrondir le bloc de pierre de meuliere, & l’on ne fait la même opération que pour la premiere meule.

On donne encore assez improprement le nom de pierre de meuliere à une pierre dure remplie de trous & comme rongée, qui se trouve en morceaux détachés dans quelques endroits des environs de Paris, à peu de profondeur en terre : cette pierre est très bonne pour bâtir, parce que les inégalités dont elle est remplie font qu’elle prend très-bien le mortier. (—)

MEUM, s. m. (Botan.) M. de Tournefort place cette plante parmi les fenouilles, & l’auroit appellée volontiers fæniculum alpinum, perenne, capillaceo folio, odore medicato, si le nom de meum n’étoit approuvé par le long usage. Les Anglois la nomment spignel.

Les racines du meum sont longues d’environ neuf pouces, partagées en plusieurs branches, plongées dans la terre obliquement & profondément ; de leur sommet naissent des feuilles, dont les queues sont longues d’une coudée, & cannelées. Ces feuilles sont découpées jusqu’à la côte, en lanieres très-étroites comme dans le fenouil, plus nombreuses, plus molles & plus courtes.

Du milieu de ces feuilles s’élevent des tiges semblables à celles du fenouil, cependant beaucoup plus petites, triées, creuses, branchues, & terminées par des bouquets de fleurs blanches, disposées en maniere de parasol. Elles sont composées de plusieurs petales en rose, portés sur un calice qui se change en un fruit à deux graines, oblongues, arrondies sur le dos, cannelées & applaties de l’autre côté : elles sont odorantes, ameres, & un peu âcres. Comme la racine du meum est de celles qui subsistent pendant l’hiver, elle reste garnie de fibres chevelues vers l’origine des tiges, & ces fibres sont les queues des feuilles desséchées.

Pline dit que le meum étoit de son tems étranger en Italie, & qu’il n’y avoit que des médecins en petit nombre qui le cultivoient ; présentement il vient de lui-même en abondance, non-seulement en Italie, mais encore en Espagne, en France, en Allemagne & en Angleterre.

On ne se sert que de la racine dans les maladies, quoiqu’il soit vraissemblable que la graine ne manqueroit pas de vertus pour atténuer & diviser les humeurs visqueuses & ténaces. On nous apporte cette racine séchée des montagnes d’Auvergne, des Alpes & des Pyrénées. Elle est oblongue, de la grosseur du petit doigt, branchue, couverte d’une écorce de couleur de rouille de fer en-dehors, pâle en-dedans, & un peu gommeuse. La moëlle qu’elle renferme est blanchâtre, d’une odeur assez suave, approchante de celle du panais, mais plus aromatique ; & d’un goût qui n’est pas desagréable, quoiqu’un peu âcre & amer.

Cette racine de meum n’étoit pas inconnue aux anciens Grecs ; ils l’appelloient athamantique, peut-être parce qu’ils estimoient le plus celle qu’on trouvoit sur la montagne de Thessalie, qui se nommoit athamante. Elle entre encore d’après l’exemple des anciens, dans le mithridate & la thériaque de nos jours. On multiplie la plante qui fournit le meum, soit de graine, soit de racine, & cette derniere méthode est la plus prompte. (D. J.)

Meum, (Mat. méd.) méum athamantique est chez les Droguistes une racine oblongue de la grosseur du petit doigt, branchue, dont l’écorce est de couleur de rouille de fer en-dehors, pâle en-dedans, un peu gommeuse, renfermant une moëlle blanchâtre d’une odeur assez agréable, presque comme celle du panais, mais cependant plus aromatique ; d’un goût qui n’est pas desagréable, quoiqu’il soit un peu âcre & amer. On nous l’apporte séchée des montagnes d’Auvergne, des Alpes & des Pyrénées.

Le meum n’étoit pas inconnu aux anciens Grecs ; ils l’appellent oethamantique, ou parce qu’il a été inventé par Athamas, fils d’Eole & roi de Thebes, ou parce qu’on regardoit comme le plus excellent celui qui naissoit sur une montagne de Thessalie appellée athamante. Geoffroi, matiere médicale. Le meum est compté avec raison parmi les atténuans les plus actifs, les expectorans, les stomachiques, carminatifs, emmenagogues & diurétiques. On s’en sert fort peu cependant dans les prescriptions magistrales ; il entre dans plusieurs compositions officinales, & surtout dans les anciennes, telles que le mithridate & la thériaque. On en retire une eau distillée simple, qui étant aromatique, doit être comptée parmi les eaux distillées utiles. Voyez Eau distillée. Cette racine est aussi un ingrédient utile de l’eau générale de la pharmacopée de Paris. (b)

MEUNIER, TÉTARD, VILAIN, CHEVESNE, CHOUAN, s. m. capito, (Hist. nat.) poisson de riviere que l’on trouve communément près des moulins ; il se plait aussi dans les endroits fangeux & remplis d’ordures. Il a deux nageoires au-dessous des ouies, deux autres au bas du ventre, à peu près sur le milieu de sa longueur, une derriere l’anus, & une sur le dos. La tête est grosse ; la bouche dénuée de dents, & le palais charnu. La chair de ce poisson a un goût fade, elle est blanche & remplie d’arrêtes. Rondelet, hist. des poiss. de riviere, chap. xij. Voyez Poisson.

Meunier, voyez Martin-pêcheur.

Meunier, ou Blanc, s. m. (Jardinage.) est une maladie commune aux arbres, principalement aux pêchers, aux fleurs & aux herbes potageres, telles que le melon & le concombre ; c’est une espece de lepre qui gagne peu après les feuilles, les bourgeons ou rameaux, les fruits, & les rend tout blancs & couverts d’une sorte de matiere cotoneuse, qui bouchant les pores, empêche leur transpiration, & par conséquent leur cause un grand préjudice. Quelques expériences que l’on ait faites, on n’a point encore pû y trouver du remede.

Meunier, (Pêche.) est un poisson de riviere, espece de barbeau, qui a une grosse tête, les écailles luisantes, la chair blanche & molle, & qui est tout blanc, mais moins dessus le dos que sous le ventre : on lui donne plusieurs noms ; les uns l’appellent têtard ou têtu, parce qu’il a une grosse tête ; les autres meunier, parce qu’on le trouve le plus ordinairement autour des moulins, ou parce qu’il a la chair blanche ; enfin on lui donne aussi les noms de mulet, majon, ou menge, du mot latin mugil ; il a dans la tête un os entouré de pointes comme une chataigne : il se nourrit de bourbe, d’eau & d’insectes, qui nagent sur la superficie ; on le prend à la ligne, & on appâte l’hameçon avec des grillots qu’on trouve par les champs, ou des grains de raisin, ou avec une espece de mouche qu’on trouve cachée en hiver le long des rivieres. Il y en a qui se servent de cervelle de bœuf : ce poisson ne va jamais seul, ce qui fait qu’on en prend beaucoup, soit à la ligne, soit aux filets.

Il y en a encore une autre espece, dont les écailles sont plus transparentes, un peu plus larges & plus déliées ; elles approchent de la couleur de l’argent ; ce poisson est long, épais & charnu : il est rusé & dif-