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rieux. Dans ces fêtes elles couroient toutes échevelées, tenant le thyrse à la main, & faisant retentir de leurs cris insensés, ou du bruit de leurs tambours, les rives de l’Hebre & les montagnes de Rhodope jusqu’à Ismare. (D. J.)

MÉNAGE, MÉNAGEMENT, ÉPARGNE, (synom.) On se sert du mot de ménage en fait de dépense ordinaire ; de celui de ménagement dans la conduite des affaires ; & de celui d’épargne, à l’égard des revenus. Le ménage est le talent des femmes ; il empêche de se trouver court dans le besoin. Le ménagement est du ressort des maris ; il fait qu’on n’est jamais dérangé. L’épargne convient aux peres ; elle sert à amasser pour l’établissement de leurs enfans. (D. J.)

MÉNAGER, on dit en Peinture qu’il faut être ménager de grands clairs & de grands bruns, parce qu’ils produisent de plus grands effets lorsqu’ils ne sont point prodigués.

MÉNAGERIE, s. f. (Gram.) bâtiment où l’on entretient pour la curiosité un grand nombre d’animaux différens. Il n’appartient guere qu’aux souverains d’avoir des ménageries. Il faut detruire les ménageries, lorsque les peuples manquent de pain ; il seroit honteux de nourrir des bêtes à grands frais, lorsqu’on a autour de soi des hommes qui meurent de faim.

MÉNAGYRTHES, s. m. pl. (Littér.) Les prêtres de Cybele furent ainsi nommés & avec raison, parce qu’ils alloient tous les mois demander des aumônes pour la grand-mere ; & pour en obtenir, ils n’épargnoient point les tours de souplesse ; c’est ce que signifie le mot grec ménargyrthe, composé de μην, mois, & ἀγυρτὴς, charlatan, charlatan de tous les mois ; combien y en a-t-il qui le sont de tous les jours ? (D. J.)

MÉNALE, (Géog. anc.) en latin Mœnalus, Mœnalium, Mœnalius mons, montagne du Péloponnese dans l’Arcadie. Pausanias, in Arcad. c. xxxvj. Pline, l. IV. c. vj. & Strabon, l. VIII. p. 338. en parlent. La fable en a fait le théâtre d’un des travaux d’Hercule. Il attrapa, dit-elle, sur cette montagne la biche aux piés d’airain & aux cornes d’or, biche si légere à la course, que personne, avant ce héros, n’avoit pu l’atteindre. Le mont Ménale ne manqua pas d’être particulierement consacré à Diane, parce que c’étoit un terrain admirable pour la chasse. Virgile n’a point oublié son éloge dans ses églogues.

Mœnalus argutumque nemus, pinosque loquentes
Semper habet, semper pastorum ille audit amores.

Cette montagne étoit fort habitée, & avoit plusieurs bourgs, Alea, Pallantium, Helisson, Dipœa, &c. dont les habitans passerent à Mégalopolis. Le principal de ces bourgs se nommoit Μαίναλον, Mœnalum oppidum ; mais Pausanias dit que de son tems on n’en voyoit plus que les ruines. (D. J.)

MENALIPPIE, s. f. (Ant. grég.) Fête qu’on célébroit à Sycione en l’honneur de Ménalippe, une des maîtresses de Neptune : c’étoit une maniere adroite de faire sa cour au dieu des eaux, & d’encenser ses autels.

MENAM, (Géog.) Gervaise nomme ainsi la principale des trois rivieres qui traversent le royaume de Siam, & elle en baigne la capitale. Il en donne une description fort étendue dans son Hist. de Siam, part. VII. c. ij. j’y renvoie les curieux.

MENANCABO, (Géog.) ville des Indes, capitale du royaume de même nom, dans l’île de Sumatra. (D. J.)

MENANDRIENS, s. m. (Hist. eccles.) nom de la plus ancienne secte des Gnostiques. Ménandre, leur chef, étoit disciple de Simon le magicien, magi-

cien comme lui, & ayant les mêmes sentimens.

Voyez Simoniens & Gnostiques.

Il disoit que personne ne pouvoit être sauvé, s’il n’étoit baptisé en son nom. Il avoit un baptême particulier qui devoit, selon lui, rendre immortel dès cette vie, & préserver de la vieillesse ceux qui le recevoient. Ménandre, selon S. Irénée, publioit qu’il étoit cette premiere vertu inconnue à tout le monde, & qu’il avoit été envoyé par les anges pour le salut du genre humain.

Il se vantoit, dit le même saint, d’être plus grand que son maître ; ce qui est contraire à ce qu’avance Théodoret, qui fait Ménandre d’une vertu inférieure à celle de Simon le magicien, qui prenoit le nom de la grande vertu. Voyez Simoniens, Dict. de Trévoux.

MÉNAPIENS, les, Menapii, (Géogr. anc.) peuples de la Gaule Belgique, qui avoient des bourgades sur l’une & l’autre rive du Rhin, & qui s’étendoient encore entre la Meuse & l’Escaut. Ils occupoient selon Sanson, la partie la plus méridionale de l’ancien diocèse d’Utrecht, & les pays où sont Middelbourg en Zélande, Anvers, Bois-le-duc en Brabant, Ruremonde en Gueldres, & le duché de Cleves, sur l’un & l’autre côté du Rhin. (D. J.)

MENARICUM, (Géog. anc.) ville de la Gaule Belgique. Antonin la met sur la route de Castellum à Cologne, à 11 milles de la premiere, & à 19 de la seconde. On croit que c’est aujourd’hui Mergen, en françois Merville, village de Flandres sur la Lys. (D. J.)

MENCAULT ou MAUCAUD, s. m. (Comm.) mesure dont on se sert en quelques endroits de Flandres, entr’autres à Landrecy, le Quesnoy, & Casteau, &c.

A Landrecy, le mencault de froment pese, poids de marc, 97 livres, de méteil 94, de seigle 90, & d’avoine 72. Il faut remarquer que pendant sept mois de l’année, qui sont depuis y compris Août jusqu’à & y compris Février, le mencault d’avoine se mesure comble à Landrecy, & fait sept boisseaux mesure de Paris, ou onze rations, comme disent les Munitionnaires, & que pendant les autres cinq mois il se mesure à la main-tierce, c’est-à dire raz, & ne faisant que six boisseaux mesure de Paris, ou dix rations. A Saint-Quentin le septier contient quatre boisseaux mesure de Paris ; il faut deux mencaults pour un septier : ainsi le mencault est de deux boisseaux mesure de Paris. Au Quesnoy, le mencault de froment pese 80, de meteil 76, de seigle 79, & d’avoine 71. A Casteau-Cambresis le mencault de froment pese 75, de meteil 70, de seigle 72, d’avoine 60 ; le tout poids de marc comme à Landrecy. Dictionnaire de Commerce.

MENCHECA, (Géog.) montagne d’Afrique fort-élevée & fort-rude. Elle est dans le royaume de Fez, & est couverte d’épaisses forêts ; ses habitans sont des Béréberes Zénetes, qui maintiennent leur liberté par leur valeur & leur position. (D. J.)

MENCIO, en latin Mincius, (Géog.) riviere d’Italie en Lombardie ; elle sort du lac de Garda, forme celui de Mantouë, & se jette dans le Pô près de sa chûte. (D. J.)

MENDE, en latin vicus mimatensis, (Géog.) ancienne petite ville de France, capitale du Gévaudan, avec un évêché suffragant d’Albi. Ses fontaines & les clochers de la cathédrale sont tout ce qu’elle a de remarquable. Elle est située sur le Lot, à 15 lieues S. O. du Puy, 28 N. E. d’Albi, 120 S. E. de Paris ; son évêché vaut 4000 liv. de rentes. Long. 21d. 9′. 30″. lat. 44d. 30′. 47″. (D. J.)

MENDES, s. m. (Mythol. Egypt.) Mendès étoit le dieu Pan même, que les Egyptiens honoroient sous l’hiéroglyphe du bouc, au lieu que chez les