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pierre d’Arménie, lazuli, la coloquinte, l’hellébore noir, &c.

MELANDRIN, (Hist. nat.) poisson de mer. On le confond souvent avec le sargo auquel il ressemble beaucoup par la forme du corps & par la position & le nombre des nageoires. Le corps est presqu’entierement noir, & le tour de la tête a une couleur violette ; les dents sont petites & aiguës. Ce poisson differe du sargo en ce qu’il n’a pas la queue fourchue ; sa chair est ferme & assez nourrissante. Rondelet, Hist. des poissons, I. part. liv. V. chap. vij. Voyez Sargo, poisson.

MÉLANGE, s. m. (Gram.) il se dit de l’aggrégation de plusieurs choses diverses. Le vin de cabaret est un mélange pernicieux à la santé. La société est un mélange de sots & de gens d’esprit. On donne le titre de mélanges, à un recueil d’ouvrages composés sur des sujets divers. Le mélange des animaux produit des monstres & des mulets. On ne s’est pas assez occupé du mélange des especes.

Mélange, (Pharm.) c’est une opération de pharmacie, soit chimique, soit galénique, qui consiste à unir ensemble plusieurs simples, soit solides, soit liquides, ou plusieurs drogues par elles mêmes composées ; comme lorsqu’on fait un opiate avec la thériaque, la confection hyacinthe & le catholicon double. Ce mélange doit être raisonné ; car il faut joindre des remedes qui soient analogues, & dont l’union fasse un effet plus énergique ; c’est ainsi que les sels joints au séné tirent mieux sa teinture, & que les alkalis joints aux graisses aident à diviser les corps gras & à les rendre miscibles à l’eau & plus efficaces soit pour l’intérieur, soit pour l’extérieur.

Le mélange est faux & nuisible, lorsqu’on emploie des médicamens qui n’ont nulle analogie, ou qui se détruisent. On peut reprocher ce défaut à plusieurs compositions galéniques, quoique fastueuses & faites avec beaucoup d’appareil ; on a même fait ce jugement il y a long-tems de la thériaque d’Andromachus.

Les poudres diamargariti froides & chaudes, les especes diambra & autres, sont des preuves plus que suffisantes de ce que nous avançons. On peut dire que dans ces mélanges on souffle tout-à-la-fois le chaud & le froid. Voyez Pharmacie à l’article Préparation.

Mélange, terme de Chapellerie, qui se dit de la quantité de chaque matiere qui entre dans la composition d’un chapeau, & que l’on mêle ensemble : par exemple, du poil de lapin avec du castor, de la laine de mouton avec celle des agneaux, &c. Voyez Chapeau.

Mélange, se dit en Peinture, des teintes qu’on fait en mêlant les couleurs sur la palette avec un couteau, & sur la toile avec le pinceau ; c’est-à-dire, en les fondant ensemble. On ne dit point, des couleurs bien mélangées, mais des couleurs bien fondues.

Mélange, en terme de Potier, est proprement l’action de mêler la terre avec du sable, du ciment, ou du mâche-fer. Le fournaliste fait toujours son mélange avec du mâche-fer. Voyez Fournalistes.

MELANI Montes, (Géog. anc.) en grec μέλανα Ὄρη, chaîne de montagnes que Ptolomée place dans l’Arabie pétrée : ce sont les mêmes montagnes que l’Ecriture-sainte nomme Oreb & Sinaï.

MÉLANIDE, adj. f. (Mythol.) surnom qu’on a donné quelquefois à Vénus, & qu’on a formé du grec μέλας, ténebres, parce que cette déesse aime le silence de la nuit, dans la recherche de ses plaisirs.

MEI ANIPPIUM Flumen, (Géog. anc.) riviere d’Asie dans la Pamphylie ; elle étoit consacrée à Minerve, au rapport de Quintus-Calaber, liv. III.

MÉLANO-SYRIENS, les, Melano-Syri, (Géog. anc.) c’est-à-dire, Syriens-noirs. On appelloit de ce

nom les habitans de la véritable Syrie, au-delà du mont Taurus, pour les distinguer des Leuco-Syriens, c’est-à dire. Syriens-blancs, qui habitoient dans la Cappadoce, vers le Pont-Euxin. (D. J.)

MÉLANTERIE, s. f. (Hist. nat. Minéral.) nom donné par quelques auteurs anciens à une substance minérale, sur laquelle les sentimens des Naturalistes ont été très-partagés. Il y a tout lieu de croire que ce qu’ils ont voulu désigner par-là, n’est autre chose qu’une espece de terre ou de pierre de couleur noire, chargée d’un vitriol qui s’est formé par la décomposition des pyrites. C’est ce que M. Henckel a fait voir dans sa pyritologie ; ainsi la mélanterie peut être définie une pierre noire chargée de vitriol. (—)

MELANTHII, (Géog. anc.) écueil de la mer Icarienne, auprès de Samos. Strabon en parle, liv. XIV. pag. 636. Le nom moderne est Furni, selon Niger, & Fornelli, selon d’autres. (D. J.)

Mélas, (Médec.) tache de la peau, superficielle, noirâtre, de couleur de terre d’ombre. Cette tache est exempte de douleur & d’excoriation, & la couleur de la peau n’y est altérée qu’à sa surface. Elle paroît peu différer des taches livides de quelques scorbutiques. Voyez Lentilles. (Y)

Mélas, (Géog. anc.) ce mot est grec, & signifie noir ; & parce que les fleuves dont le cours est lent, ou dont le fonds est obscur, paroissent avoir les eaux noires, les anciens ont appellé bien des rivieres du nom de Mélas. Il y en avoit une en Arcadie, une en Achaïe, une en Béotie, une en Migdonie, une en Macédoine, une en Pamphylie, une en Thessalie, & une en Thrace, dont le nom moderne est Sulduth ; enfin, une en Cappadoce ; on l’appelle aujourd’hui Carason.

Mélas Sinus, (Géog. anc.) golfe de Thrace, à l’embouchure de la riviere de même nom. L’île de Samo-Thrace étoit à l’entrée ; la ville de Cardia étoit au fond du golfe. Cette ville de Cardia s’appelle aujourd’hui Mégarisse, & donne son nom au golfe. L’île de Samandrachi est la Samo-Thrace des anciens. (D. J.)

MÉLASSE, s. f. (Mat. méd.) c’est cette matiere graisseuse & huileuse, mais fluide qui reste du sucre après le raffinage, & à laquelle on n’a pu donner, en la faisant brûler, une consistance plus solide que celle du sirop ; on l’appelle aussi pour cela sirop de sucre.

Cette mélasse est à proprement parler l’eau-mere du sucre, ou la fécule du sucre qu’on n’a pu faire crystalliser, ni mettre en forme de pain.

Quelques-uns font de cette eau-mere une eau-de-vie qui est fort mal-saine.

Il s’est trouvé des empiriques qui ont fait usage de ce prétendu sirop pour différentes maladies, qu’ils donnoient sous un nom emprunté ; ce qui a mis ce remede en vogue pendant quelque tems.

Les gens de la campagne des environs des villes où se fait le raffinage du sucre, usent beaucoup de cette sorte de sirop ; ils en mangent ; ils en mettent dans l’eau ; ils en font une espece de vin, & s’en servent au lieu de sucre ; quelques épiciers en frelatent leur eau-de-vie Voyez Sucre.

MÉLAZZO ou MÉLASSO, (Géog.) ancienne ville de la Turquie asiatique, dans la Natolie. C’est l’ancienne Mylasa où l’on voyoit encore dans le dernier siecle de beaux monumens d’antiquité, entr’autres un petit temple de Jupiter, un grand temple dédié à Auguste, & la belle colonne érigée en l’honneur de Ménander, fils d’Euthydeme, un de ses plus célebres citoyens. Long. 45. 30. lat. 37. 23.

MELCA, μέλκα, (Pharmac.) ce terme est latin selon Galien, & signifie une sorte louable d’aliment rafraîchissant, humectant, & en usage chez les Romains. C’est une espece d’oxygala, ou de lait reposé