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EE pour un E long, FEELIX ; ni deux II, VIIRTUS ; S & M retranchés à la fin, ALBINV, CAPTV ; XS pour X, MAXSVMVS ; F pour PH, TRIVMFVS, & choses semblables, sur quoi on peut consulter les anciens Grammairiens. (D. J.)

Médailles arabes, (Art numismat.) On appelle ainsi des médailles mahométanes modernes, dont on trouve une assez grande quantité, & dont on est peu curieux. En effet, la fabrique en est pitoyable ; très-peu de gens en connoissent la langue & le caractere ; enfin elles ne peuvent servir à quoi que ce soit dans les suites, parce qu’elles ne renferment que peu de têtes de princes mahométans ; cependant le cabinet du roi de France, est actuellement autant supérieur en médailles arabes, aux autres cabinets de l’Europe, qu’il l’étoit déjà en médailles modernes & antiques. M. Morel a fait graver la plus belle des médailles arabes, celle du grand Saladin, ou comme on l’écrit, Salahoddin. D’un côté on voit sa tête avec celle d’un jeune Almelek Ismahel, fils de Nurodin, qui est de la fin du xij. siecle. La légende est en arabe, Joseph filius Job, comme s’appelloit Saladin, & au revers, Rex. imperator princeps fidelium. (D. J.)

Médailles égyptiennes, (Art numismat.) les Antiquaires appellent ainsi les médailles frappées en Egypte, en l’honneur de leurs rois, ou des empereurs romains. Ces médailles sont précieuses, parce qu’on a su en tirer un avantage considérable pour les lettres. Par exemple, M. Vaillant a donné l’histoire des rois d’Egypte, d’après leurs anciennes monnoies. D’autres savans ont fait usage des médailles impériales frappées en Egypte pour l’éclaircissement de l’histoire des empereurs. On n’a trouvé même jusqu’à présent aucune médaille greque de Dioclétien, excepté celles qui ont été frappées en Egypte ; quoiqu’on ignore l’année où les Egyptiens cesserent d’en fabriquer en son honneur : peut-être fut-ce en l’an 296 de l’ere chrétienne, année où l’Egypte ayant été réunie au reste de l’empire, par la défaite du tyran Achillæus, on commença à battre la monnoie avec des légendes latines, comme on faisoit dans les autres provinces. (D. J.)

Médailles espagnoles, (Art. numismatique.) anciennes monnoies espagnoles qu’il ne faut pas confondre avec les puniques, quoique les unes & les autres aient été pour la plûpart trouvées en Espagne.

Personne n’ignore que dans l’antiquité ce royaume a été habité par divers peuples. Outre les anciens habitans du pays, les Phéniciens attirés par le commerce, s’étoient établis en divers endroits sur les côtes & y avoient bâti des villes ; les Grecs même y avoient envoyé des colonies. Ces nations différentes avoient chacune leurs mœurs, leurs usages, leur langue & leurs monnoies particulieres.

A la vérité nous n’avons point de médailles frappées par les grecs qui s’établirent en Espagne : peut-être même que leur petit nombre les empêcha d’en faire frapper dans une langue qui n’auroit pas été entendue de leurs voisins ; mais nous avons d’anciennes médailles espagnoles. Lastanosa a rendu service aux curieux, en en faisant graver environ deux cens qu’il avoit ramassés dans son cabinet, la plûpart en argent. Son livre, qui est devenu rare, est intitulé, Museo de las medallas desconoscidas, espagnolas impresso in Huesca, par Joan Nognez, anno 1645, in-4o. Il soutient dans cet ouvrage que les caracteres de ses médailles sont espagnols & non pas puniques, & que c’est de ces pieces-là que Tite-Live parle, quand il met au nombre des dépouilles rapportées d’Espagne par les Romains, argentum signatum oscense.

Quoi qu’il en soit de cette derniere conjecture,

la différence des médailles espagnoles & des médailles phéniciennes ou puniques, est évidente pour tous ceux qui se sont donné la peine de les comparer, ou qui ont des médailles puniques avec le livre de Lastanosa. Dans les espagnoles les types semblent ne les rapporter qu’à des peuples qui habitoient le milieu des terres : on y voit ordinairement un homme à cheval, quelquefois un cheval tout seul, & quelquefois un bœuf. Dans les puniques ou phéniciennes, on ne voit que des symboles qui conviennent à des villes maritimes, un navire, des poissons, &c.

La légende de ces dernieres est en caracteres arrondis, mais inégaux, & ces caracteres sont tout-à-fait semblables à ceux qu’on voit sur les médailles de Tyr & de Sidon ; sur les médailles de Carthage, de Malthe, de Gorre ou Cossura, de quelques villes de Sicile, & enfin sur celle du roi Juba. Par toutes ces preuves on ne sauroit raisonnablement douter que ce ne soient de véritables caracteres phéniciens ou puniques.

Au contraire, sur les médailles où l’on voit un homme à cheval & les autres types dont nous avons parlé, la légende est en caracteres plus quarrés, plus égaux, & ces caracteres sont très-ressemblans à ceux des médailles & des autres monumens étrusques.

Peut-être cette observation de M. le baron de la Bastie n’aura point échappé aux savans Italiens, qui travaillent avec ardeur à faire revivre l’ancienne langue des Etruriens, & à éclaircir tout ce qui regarde les antiquités de ces peuples.

Ces remarques, qui mériteroient d’être plus approfondies, suffisent néanmoins pour montrer que puisqu’on a trouvé en Espagne des médailles de deux especes différentes, tant pour les types que pour les caracteres, les unes étant assurément phéniciennes ou puniques, les autres doivent être les monnoies des anciens Espagnols ; d’où il suit que la langue dans laquelle sont conçues leurs légendes & les lettres qui servent à l’exprimer, sont l’ancienne langue & les anciens caracteres des peuples qui habitoient l’Espagne.

On fera bien de lire à ce sujet la dissertation de M. Mahudel sur les monnoies antiques d’Espagne, imprimée à Paris en 1725, in-4o. & placée à la fin de l’histoire d’Espagne de Mariana, traduite en françois par le P. Charenton. (D. J.)

Médailles étrusques, (Art. numism.) On a commencé de nos jours à ramasser avec soin les médailles étrusques, qui paroissent avoir été trop négligées dans les siecles passés ; c’est une nouvelle carriere qui s’ouvre à la curiosité & à l’érudition ; & quoique les recueils qu’on a fait de ces médailles ne soient pas encore bien considérables, & qu’il soit très-difficile, pour ne pas dire impossible, d’en former une suite, il sera cependant très-utile d’empêcher à l’avenir qu’on ne dissipe tout ce qui pourra se découvrir en ce genre : peut-être même la sagacité des savans, aidée de toutes ces nouvelles découvertes, leur fera-t-elle retrouver l’ancienne langue étrusque, dont nous avons des fragmens assez considérables dans quelques inscriptions. L’académie étrusque établie à Cortone, & composée de sujets distingués par leur érudition & par leur amour pour les Lettres, contribuera beaucoup à étendre nos connoissances, par le soin qu’elle prend d’éclaircir non-seulement tout ce qui regarde les antiquités des anciens Etrusques, mais encore l’origine de tous les anciens peuples d’Italie. On pourra vraissemblablement ranger dans la classe des médailles étrusques, celles qu’on croit avoir été frappées par les Samnites, les Ombres, les Messapiens, &c. On trouvera quelques planches des médailles étrusques dans l’Etruria regalis de Dempster, tome I. pag. 356 ; dans le