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massif, pour marquer que les murs en sont trop épais ; qu’un mur est massif, pour marquer que les jours & les ouvertures en sont trop petites à proportion du reste.

On appelle massif en Architecture toute batisse de moilon, de pierre, de brique, faite en fondation, sans qu’il y ait de cave, pour porter un ou plusieurs murs, colonnes, piliers, perron & autres.

Massif, s. m. (Hydraul.) s’entend d’un courroi de glaise ou d’une chemise de ciment qui sert à retenir les eaux dans les bassins. Voyez Construction des bassins.

Massifs sont ordinairement des bandes de gason que l’on pratique de la largeur de deux ou trois piés, entourées des deux côtés d’un sentier ratissé d’un pié de large, & sablé de rouge. Ces massifs prennent naissance de la broderie d’un partere, où ils se contournent en volutes d’où sortent des palmettes, des nilles & des becs de corbin ; quand ils se répetent, ils composent les compartimens des parterres.

MASSIN, (Hist. mod. Jurisprud.) c’est le nom que l’on donne dans l’île de Madagascar aux lois auxquelles tout le monde est obligé de se conformer : elles ne sont point écrites ; mais étant fondées sur la loi naturelle, elles sont passées en usage, & il n’est permis à personne de s’en écarter. Ces lois sont de trois sortes : celles que l’on nomme massin-dili ou lois du commandement, sont celles qui sont faites par le souverain ; c’est sa volonté fondée sur la droite raison, par laquelle il est obligé de rendre la justice, d’accommoder les différends, de distribuer des peines & des récompenses. Suivant ces lois, un voleur est obligé de rendre le quadruple de ce qu’il a pris ; sans cela il est mis à mort, ou bien il devient l’esclave de celui qu’il a volé.

Massin-poch, sont les lois & usages que chacun est obligé de suivre dans la vie domestique, dans son commerce, dans sa famille.

Massin-tane, sont les usages, les coutumes ou les lois civiles, & les réglemens pour l’agriculture, la guerre, les fêtes, &c. Il ne dépend point du souverain de changer les lois anciennes, & dans ce cas il rencontreroit la plus grande opposition de la part de ses sujets, qui tiennent plus qu’aucun autre peuple aux coutumes de leurs ancêtres. Cependant il regne parmi eux une coutume sujette à de grands inconvéniens, c’est qu’il est permis à chaque particulier de se faire justice à lui-même, & de tuer celui qui lui a fait tort.

MASSINGO, (Hist. nat.) espece de graine assez semblable au millet, excepté qu’elle est plus grande & plus ferme, qui sert à la nourriture des habitans du royaume de Congo en Afrique. On dit qu’elle est très-bonne au goût, mais elle produit des flatuosités & des coliques sur les européens, qui n’ont point l’estomac aussi fort que les negres.

MASSIQUE, Mont, Massicus mons (Géog. anc.) côteau ou monticule de la Campanie, aux environs de Sinuesse. Il s’y recueilloit beaucoup de vin & il étoit excellent. Martial en fait l’éloge épigr. 57. liv. XII. dans ce vers :

De Sinuessanis venerunt Massica proelis.

Horace le vante aussi dans sa premiere ode, & dit que quand il est vieux il rappelle le goût du buveur.

Est qui nec veteris pocula Massici
Spernit.

Le vin massique se nomme aujourd’hui massacano, & le côteau monte di Dracone. Ce côteau est dans la terre de Labour, qui fait partie de l’Italie méridionale.

MASSOLAC, massolacum, (Géogr.) un des anciens palais des rois de France. Ce fut dans ce palais

que Clotaire II. fit comparoître devant lui en 613 ; le patrice Aléthée, & le fit condamner à périr par le glaive. Ce fut encore à Massolac qu’après la mort du roi Dagobert I. les seigneurs de Neustrie & de Bourgogne s’assemblerent pour proclamer roi son fils Clovis. Dom Germain & dom Ruinart ont laissé indécise la situation de ce palais ; cependant bien des raisons portent à croire que l’endroit où il étoit bâti doit être Maslay, à une lieue de Sens, vers l’orient, sur la petite riviere de Vanne. On croit qu’il fut détruit par les Sarrasins ; mais le nom un peu altéré Masiliacus pagus, pour Massolacus pagus, Maslay, est resté aux deux villages contigus, dont l’un s’appelle Maslay-le-roy, & l’autre Maslay-le-vicomte. (D. J.)

MASSUE, s. f. (Littér.) On sait que chez les anciens c’étoit une sorte d’arme lourde & grosse par un bout, hérissée de plusieurs pointes. Personne n’ignore encore que c’est le symbole ordinaire d’Hercule, parce que ce héros ne se servoit que d’une massue pour combattre les monstres & les tyrans. Après le combat qu’il soutint contre des géans, il consacra sa massue à Mercure : la fable ajoûte qu’elle étoit de bois d’olivier sauvage, qu’elle prit racine & devint un grand arbre. On donne aussi quelquefois la massue à Thésée. Euripide dans ses suppliantes appelle la massue de ce héros épidaurienne, parce qu’au rapport de Plutarque Thésée en dépouilla Périphétè, qu’il tua dans Epidaure, & il s’en servit depuis, comme fit Hercule de la peau du lion de Nemée. (D. J.)

MASTIC, le, s. m. (Hist. des drog.) en latin mastiche, mastix, ou resina lentiscana.. Offic. ῥήτικη σχίνινη, καὶ μαστίκη. Dioscôr. mastech arab.

Résine seche, transparente, d’un jaune pâle, en larmes ou en grumeaux, de la grosseur d’un petit pois ou d’un grain de riz, fragile, qui se casse sous la dent, & s’amollit cependant par la chaleur comme de la cire, s’enflamme sur les charbons, répand une odeur agréable, & a un goût légerement aromatique, résineux & un peu astringent.

Cette gomme résineuse découle du lentisque des îles de l’Archipel par incision, & Bellon même assure que les lentisques ne donnent de résine que dans l’île de Scio. Cependant ceux d’Egypte en produisoient autrefois, puisque Galien recommande le mastic d’Egypte. Quelques-uns disent qu’il en découle aussi des lentisques d’Italie ; & Gassendi, dans la vie de Peirese, ouvrage excellent en son genre, où l’on trouve cent choses curieuses qu’on n’y attend point, remarque que du côté de Toulon il y a de ces arbres qui rendent quelques grains de mastic. Il est pourtant vrai que tout celui que l’on débite aujourd’hui ne vient que des îles de l’Archipel, & en particulier de celle de Scio.

On croit communément que c’est la culture seule qui rend ces arbres propres à fournir du mastic, mais c’est une erreur, puisqu’il se trouve dans Scio même beaucoup de lentisques qui ne produisent presque rien, & qui néanmoins sont aussi beaux que les autres : il faut donc attribuer la raison de ce phénomene à une tissure particuliere des racines & des bois, qui varie considérablement dans les individus de même espece. On a beau tailler & cultiver les lentisques de Toulon, ils ne fournissent point de mastic. Combien y a-t-il de pins dans nos forêts qui ne donnent presque pas de résine, quoiqu’ils soient de même espece que ceux qui en fournissent beaucoup ? Ne voit-on pas la même chose parmi ces sortes de cèdres, cedrus folio cupressi major, fructu flavescente, de C. B. P. dont on tire l’huile de cade ?

L’expérience donc a fait connoître que c’étoit la seule qualité des especes de lentisque qui produisoit le mastic ; & que la meilleure précaution que l’on