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laissé dans la Judée, y assiégea Eléazar ; celui ci, dit Josephe, hist. de la guerre des Juifs, liv. VII. ch. xxviij. voyant qu’il ne pouvoit plus tenir contre l’armée romaine, persuada à tous les Juifs qu’il avoit avec lui de se tuer l’un l’autre, & que le dernier vivant mettroit le feu au château. Ce projet fut exécuté ; deux femmes qui s’étoient cachées dans des aqueducs avec cinq jeunes enfans, raconterent ce fait le lendemain aux Romains. (D. J.)

MASSÆSYLIENS, les, (Géog. anc.) Massæsylii, peuple de l’Afrique propre. Peut-être que les peuples nommés Massæsyli, Massæ-Libyi, Massagetæ, ont pris cette addition de massa dans la langue grecque, du mot μάσσυ, qui signifie toucher. Supposez que cette conjecture soit bonne, ce mot joint au nom d’un peuple, signifieroit un peuple qui confine à celui qui est nommé ; par exemple, les Massæ-Sylii feroient un peuple ainsi nommé à cause des Syliens dont ils étoient voisins. (D. J.)

MASSAFRA, (Géog.) petite, mais forte ville d’Italie au royaume de Naples, dans la terre d’Otrante. Elle est au pié de l’Apennin, & quelques-uns la prennent pour l’ancienne Messapie. Long. 34. 55. lat. 40. 50. (D. J.)

MASSAGETES, les, (Géog. anc.) Massagetæ, ancien peuple que les historiens, sur-tout les Grecs, ont placé diversement ; il y a tout lieu de croire que c’étoient des branches d’une seule & même nation qui s’étoit étendue, & dont les parties dispersées en divers lieux de l’Asie, formerent autant de peuples. Les Massageres de Pomponius Méla & d’Etienne le géographe, étoient des peuples Scythes. La plûpart s’avoisinerent des Parthes & des Saces ou Saques, & se disperserent entre la mer Caspienne & la Tartarie indépendante, où est maintenant le pays des Usbecks & le Khorasan. Pline, l. VI. c. xix. en parlant de ces peuples, dit, multitudo corum innumera, & quæ cum Parthis ex aquo degat. Les Massagetes de Ptolomée étoient un peuple de la Margiane, au midi des Derbices. Les Massagetes de Procope sont les mêmes que les Huns. (D. J.)

MASSALIEN, s. m. (Théolog.) nom d’anciens sectaires qui ont été ainsi appellés d’un mot hébreu qui signifie priere, parce qu’ils croyoient qu’il falloit toûjours être en priere.

Les Grecs les nomment Euchites, Ευχιται, qui signifie la même chose en leur langué. Voyez Euchite.

Saint Epiphane distingue deux sortes de Masaliens, savoir, les anciens & les nouveaux.

Les premiers ne sont, selon lui, ni juifs, ni chrétiens, ni samaritains ; mais des gentils qui reconnoissant plusieurs dieux n’adorent cependant aucun d’eux : ils n’adorent qu’un seul Dieu qu’ils appellent le Tout-Puissant. Ces anciens Massaliens, dit le même saint Epiphane, qui sont sortis des Gentils, ont fait bâtir en quelques lieux des oratoires semblables à nos églises. Ils s’y assemblent pour prier & pour chanter des hymnes en l’honneur de Dieu. Ces églises sont éclairées de flambeaux & de lampes. Cette description que saint Epiphane a faite des anciens Massaliens approche si fort de la vie des Esséniens, que Scaliger a prétendu qu’on ne devoit point les distinguer de ceux-ci. Voyez Esséniens.

A l’égard des autres Massaliens qui étoient chrétiens de profession, ils ne faisoient que de naître au tems de saint Epiphane. Ils prétendoient que la priere seule suffisoit pour être sauvé. Plusieurs moines qui aimoient à vivre dans l’oisiveté & qui ne vouloient point travailler, se jetterent dans le parti des Massaliens. Dictionnaire de Trévoux.

A cette oisiveté déja si condamnable ils ajoutoient plusieurs erreurs très-pernicieuses : savoir, que le jeûne & les sacremens n’étoient d’aucune efficace ;

que la priere seule leur donnoit la force de surmonter les tentations, qu’elle chassoit le démon & effaçoit les péchés que le baptême n’avoit fait que couper, pour ainsi dire, sans les extirper. Ils ajoutoient que chaque homme avoit deux ames, l’une céleste, & un démon que la priere chassoit ; qu’ils voyoient la Trinité de leurs yeux corporels ; qu’ils parvenoient à la ressemblance avec Dieu & à l’impeccabilité. Ils s’attribuoient le don de prophétie & des inspirations particulieres du Saint-Esprit, dont ils se persuadoient de ressentir la présence dans leurs ordinations (car ils avoient des évêques & des prêtres) ; alors ils se mettoient à danser disant qu’ils dansoient sur le diable, ce qui leur fit donner le nom d’enthousiastes ou de possédés. Ils eurent aussi celui de saccophores parce qu’ils se revêtoient d’un sac, mais non pas tous ; car on leur reproche aussi d’avoir porté des robes magnifiques, & donné dans une mollesse à peine supportable dans des femmes. Les empereurs firent des lois contre eux ; leurs conversions simulées & leurs fréquentes rechutes engagerent les évêques, assemblés dans un concile en 427, à défendre qu’on les reçût dans l’Eglise de l’indulgence de laquelle ils avoient tant de fois abusé. Saint August. de heres. c. lvij. Theodoret, hæretic. fabul. liv. IV. Baronius, ad ann. Christ. 361, num. 34. 35. &c.

MASSALOTICUM OSTIUM, (Géog. anc.) c’est le nom que les anciens ont donné à l’embouchure la plus orientale du Rhône, & par conséquent la plus voisine de Marseille. C’est ce qu’on appelle dans le pays le Gras de Passon, ou le grand Gras. (D. J.)

MASSA-LUBRENSE, (Géog.) petite ville d’Italie au royaume de Naples dans la terre de Labour, avec un évêché suffragant de Soriente, dont le revenu est établi sur le passage des cailles, car les hommes ont imaginé que tous les êtres de la nature leur appartenoient. Massa-Lubrense est située sur un rocher escarpé de tous côtés, & presque environné de la mer, à 2 lieues S. O. de Soriente, 7 S. O de Naples. Long. 31. 58. lat. 40. 40. (D. J.)

MASSANE ou VOLTIGLOLE, s. f. (Marine.) terme usité pour les galeres. C’est le cordon de la poupe qui sépare le corps de la galere de l’aissade de poupe. Voyez Marine, Planche III. fig. 2. le dessein de la poupe de la galere réale.

Massane, (Géog.) haute montagne des Pyrénées vers le Roussillon. Elle a 408 toises de hauteur. (D. J.)

MASSANKRACHES, (Hist. mod.) c’est ainsi que l’on nomme dans le royaume de Camboya, situé aux Indes orientales, le premier ordre du clergé, qui commande à tous les prêtres, & qui est supérieur même aux rois. Les prêtres du second ordre se nomment nassendeches, qui sont des especes d’évêques qui sont égaux aux rois, & qui s’assoient sur la même ligne qu’eux. Le troisieme ordre est celui de mitires ou prêtres, qui prennent séance au-dessous du souverain ; ils ont au-dessous d’eux les chaynises & les sazes, qui sont des prêtres d’un rang plus bas encore.

MASSAPÉE, s. f. (Marine.) instrument qui sert à mouvoir les cordages d’un bâtiment.

MASSA VETERNENSIS, (Géog.) misérable petite ville d’Italie, dans le Siennois en Toscane, avec un évêché suffragant de Sienne. Elle est sur une montagne proche la mer, à 10 lieues S. O. de Sienne. Long. 28. 35. lat. 43. 5. (D. J.)

MASSE, rypha, (Botan.) genre de plante à fleur sans pétales, composée de plusieurs étamines, disposée en épi. Ces étamines sont stériles ; les embryons se trouvent à la partie inférieure de l’épi & deviennent des semences dans la suite. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.