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tre-colonement du péristyle du Louvre, au Val-de-Grace, aux Invalides, &c.

Les architraves sont ornées de moulures nommées plates-bandes, parce qu’elles ont peu de saillie les unes sur les autres. Ces plates-bandes doivent être en plus ou moins grande quantité, selon que ces architraves appartiennent à des ordres rustique, solide, moyen ou délicat. Voyez Ordre.

Il est des architraves mutilées, c’est-à-dire, dont les moulures sont arasées ou retranchées pour recevoir une inscription, tel qu’on le remarque au péristyle de la Sorbonne du côté de la cour ; cette licence est vicieuse, ces inscriptions pouvant être mises dans la frise, qui doit toûjours être lice. Voyez Frise.

Il est aussi des architraves qu’on nomme coupées, parce qu’elles sont interrompues dans l’espace de quelque entre-pilastre (Voyez Pilastre), afin de laisser monter les croisées jusque dans la frise, tel qu’on peut le remarquer à la façade des Tuilleries, dans les aîles qui sont décorées de pilastres d’ordre composite : mais cette pratique est tout-à-fait contraire au principe de la bonne Architecture, & ne doit être suivie par aucun Architecte, malgré le nombre prodigieux d’exemples qu’on remarque de cette licence dans la plûpart de nos édifices. (P)

Architrave, s. f. epistyle ; c’est, en Marine, une piece de bois mise sur des colonnes, au lieu d’arcades, qui est la premiere & la principale, & qui soûtient les autres ; au-dessous de la plus basse frise de l’arcasse, qui sert de base aux termes, il y a une architrave qui, dans un vaisseau de 134 piés de longueur de l’étrave à l’étambord, doit avoir deux piés de largeur & quatre pouces & demi d’épaisseur. Voyez aux figures, Marine, Planche V. figure 1. l’architrave marquée G. G. (Z)

ARCHIVES, s. f. (Hist. mod.) se dit d’anciens titres ou chartres qui contiennent les droits, pretensions, priviléges & prérogatives d’une maison, d’une ville, d’un royaume. Il se dit aussi du lieu ou l’on garde ces titres ou chartres. Ce mot vient du Latin, arca, coffre, ou du Grec ἀρχαῖον, dont Suidas se sert pour signifier la même chose : on trouve dans quelques auteurs Latins archarium. On dit les archives d’un collége, d’un monastere. Les archives des Romains étoient conservées dans le temple de Saturne, & celles de France le sont dans la chambre des comptes. Dans le Code on trouve qu’archivum publicum vel armarium étoit le lieu ubi acta & libri exponebantur. Cod. de fid. instrum. auth. ad hæc XXX. quest. j. (H)

* ARCHIVIOLE, s. f. (Luth. & Musiq.) espece de clavecin qui n’est presque d’aucun usage, auquel on a adapté un jeu de vielle qu’on accorde avec le clavecin, & qu’on fait aller par le moyen d’une roue & d’une manivelle.

ARCHIVISTE, s. m. garde des archives. Voyez Archives.

ARCHIVOLEUR, s. m. (Hist. anc.) chef ou capitaine des filous. Si l’on en croit Diodore de Sicile, les voleurs égyptiens observoient cette coûtume : ils se faisoient inscrire par le chef de leur bande, en promettant de lui apporter sur le champ & avec la plus exacte fidélité, ce qu’ils auroient dérobé ; afin que quiconque auroit perdu quelque chose, pût en écrire à ce capitaine, en lui marquant le lieu, l’heure & le jour auquel il avoit perdu ce qu’il cherchoit, qui lui étoit restitué à condition d’abandonner au voleur pour sa peine la quatrieme partie de la chose qu’on redemandoit. (G)

ARCHIVOLTE, s. m. du Latin arcus volutus, arc contourné. Sous ce nom l’on entend le bandeau ou chambranle (voyez Chambranle) qui regne autour d’une arcade plein cintre, & qui vient se terminer sur les impostes. Voyez Imposte. Les moulures de ces archivoltes imitent celles des architraves, & doivent

être ornées à raison de la richesse ou de la simplicité des ordres. On appelle archivolte retourné, celui qui retourne horisontalement sur l’imposte, comme au château de Clagny & à celui de Val, proche Saint-Germain-en-Laye : mais cette maniere est pesante & ne doit convenir que dans une ordonnance d’architecture rustique. On appelle archivolte rustique, celui dont les moulures sont fort simples, & sont interrompues par des bossages unis ou vermiculés. Voyez Bossage.

* ARCHO (les), Géog. trois petites îles de l’Archipel au sud sud-est de Patmos, & au sud sud-ouest de Samos.

ARCHONTES, s. m. pl. (Hist. anc.) magistrats, préteurs ou gouverneurs de l’ancienne Athenes. Ce nom vient du Grec ἄρχων, au plurier ἄρχοντες, commandans ou princes. Ils étoient au nombre de neuf, dont le premier étoit l’archonte qui donnoit son nom à l’année de son administration ; le second se nommoit le roi ; le troisieme, le polemarque ou généralissime, avec six thesmothetes. Ces magistrats élûs par le scrutin des feves, étoient obligés de faire preuve devant leur tribu comme ils étoient issus du côté paternel & maternel de trois ascendans citoyens d’Athenes : ils devoient prouver de même leur attachement au culte d’Apollon, protecteur de la patrie, & qu’ils avoient dans leur maison un autel consacré à Jupiter, & par leur respect pour leurs parens, faire espérer qu’ils en auroient pour leur patrie : il falloit aussi qu’ils eussent rempli le tems du service que chaque citoyen devoit à la république ; ce qui donnoit des officiers bien préparés, puisqu’on n’étoit licentié qu’à 40 ans : leur fortune même dont ils devoient instruire ceux qui étoient préposés à cette enquête, servoit de garant de leur fidélité. Après que les commissaires nommés pour cet examen en avoient fait leur rapport, les archontes prétoient serment de maintenir les lois, & s’engageoient en cas de contravention de leur part, à envoyer à Delphes une statue du poids de leur corps. Suivant une loi de Solon, si l’archonte se trouvoit pris de vin, il étoit condamné à une forte amende, & même puni de mort. De tels officiers méritoient d’être respectés ; aussi étoit-ce un crime d’état que de les insulter. L’information pour le second officier de ce tribunal qui étoit nommé le roi, devoit porter qu’il avoit épousé une vierge & fille d’un citoyen ; parce que dit Démosthenes, ces deux qualités étoient nécessaires pour rendre agréables aux dieux les sacrifices que ce magistrat & son épouse étoient obligés d’offrir au nom de toute la république. L’examen de la vie privée des archontes étoit très-sévere, & d’autant plus nécessaire, qu’au sortir de leur exercice & après avoir rendu compte de leur administration, ils entroient de droit dans l’Aréopage.

Ceci regarde principalement les archontes décennaux ; car cette sorte de magistrature eut ses révolutions. D’abord dans Athenes les archontes succéderent aux rois & furent perpétuels. Medon fut le premier, l’an du monde 2936, & eut douze successeurs de sa race, auxquels on substitua les archontes décennaux, qui ne durerent que 70 ans, & qui furent remplacés par des archontes annuels. Le premier de ces magistrats se nommoit proprement archonte ; on y ajoûtoit l’épithete d’éponyme, parce que dans l’année de son administration, toutes les affaires importantes se passoient en son nom. Il avoit soin des choses sacrées, présidoit à une espece de chambre ecclésiastique, où l’on décidoit de tous les démêlés des époux, des peres & des enfans, & les contestations formées sur les testamens, les legs, les dots, les successions. Il étoit chargé particulierement des mineurs, tuteurs, curateurs ; en général, toutes les affaires civiles étoient portées en premiere instance à son tribunal. Le deuxieme archonte avoit le surnom de roi ; le reste du culte pu-