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qualité de l’homme par les accessoires du monument, est démentie par une infinité d’exemples. On trouve (dit le P. Montfaucon) dans un monument un Lucius Trophymus affranchi d’Auguste, qualifié à veste & à lacunâ, Intendant de la garde-robe, avec deux arcs dont la corde est cassée, deux torches, & un pot ; & ce savant homme demande quel rapport il y a entre ces accessoires & la qualité d’Intendant de la garde-robe : c’est un exemple qu’il apporte contre l’opinion de Fabretti ; mais je ne le trouve pas des mieux choisis, & l’on pourroit assez aisément donner aux arcs sans cordes & au reste des accessoires un sens qui ne s’éloigneroit pas de la qualité de Trophymus. Un Intendant de la garde-robe d’un Romain n’avoit guere d’exercice qu’en tems de paix : c’est pourquoi on voit au monument de celui-ci deux arcs sans cordes, ou ce qui est mieux, avec des cordes rompues ; les autres symboles ne sont pas plus difficiles à interpréter. Mais l’exemple suivant du P. Montfaucon me semble prouver un peu mieux contre Fabretti ; c’est un Ædituus Martis ultoris représenté avec deux oiseaux qui boivent dans un pot. Cela n’a guere de rapport avec l’office de Sacristain de Mars. Mais connoissons-nous assez bien l’antiquité pour pouvoir assûrer qu’il n’y en a point ? Ne pouvoit-il pas facilement y avoir quelque singularité dans les fonctions d’un pareil Sacristain (c’est le mot du P. Montfaucon) à laquelle les oiseaux qui boivent dans un pot feroient une allusion fort juste ? & la singularité ne pourroit-elle pas nous être inconnue ? n’admirons-nous pas aujourd’hui, ou du moins ne trouvons-nous pas très-intelligibles des figures symboliques dans nos monumens, qui seront très-obscures, & qui n’auront pas même le sens commun pour nos neveux qui ne seront pas assez instruits des minuties de nos petits usages, & de nos conditions subalternes, pour en sentir l’à propos.

* A curâ amicorum. On lit dans quelques inscriptions sépulchrales le titre de a cura amicorum. Titus Cœlius Titi filius, Celer, a cura amicorum Augusti, Prœfectus legionis decimœ salutaris, Mediomatricum civitas bene merenti posuit. Dans une autre : Silvano sacrum sodalibus ejus, & Larum conum posuit Tiberius Claudius Augusti Libertus Fortunatus a cura amicorum, idemque dedicavit. Ailleurs encore : Æsculapio Deo Julius Onesimus Augusti Libertus a cura amicorum, voto suscepto dedicavit lubens merito. Je n’entends pas trop quelle étoit cette Charge chez les Grands à curâ amicorum, dit Gruter. Mais, ajoûte le P. Montfaucon, on a des inscriptions par lesquelles il paroît que c’étoit une dignité que d’être leur ami & de leur compagnie ; d’où il conclud qu’il se peut faire que ces affranchis qui étoient à curâ amicorum, prissent soin de ceux qui étoient parvenus à cette dignité. Ces usages ne sont pas fort éloignés des nôtres ; nos femmes titrées ont quelquefois des femmes de compagnie ; & il y a bien des maisons où l’on attache tel ou tel domestique à un ami qui survient ; & ce domestique s’appelleroit fort bien en latin à curâ amici.

A, dans les Ecrivains modernes, veut dire aussi l’an, comme A. D. anno Domini, l’an de Notre Seigneur : les Anglois se servent des lettres A. M. pour dire Artium magister, Maître ès Arts. Voyez Caractere. (G)

A, dans le calendrier Julien, est aussi la premiere des sept lettres dominicales. Voyez Dominical.

Les Romains s’en étoient servis bien avant le tems de Notre Seigneur : cette lettre étoit la premiere des huit lettres nundinales ; & ce fut à l’imitation de cet usage, qu’on introduisit les lettres dominicales. (G)

A. D. épistolaire ; ces deux caracteres dans les Lettres que s’écrivoient les Anciens, signifioient ante diem. Des Copistes ignorans en ont fait tout simple-

ment la préposition ad, & ont écrit ad IV. Kalend. ad

VI. Idus, ad III. Non. &c. au lieu d’ante diem IV. Kalend. ante diem VI. Idus, &c. ainsi que le remarque Paul Manuce. On trouve dans Valerius Probus A. D. P. pour ante diem pridie. (G)

* A désigne une proposition générale affirmative. Asserit A… verum generaliter… A affirme, mais généralement, disent les Logiciens. Voyez l’usage qu’ils font de cette abbréviation à l’article Syllogisme.

* A, signe des passions, selon certains Auteurs, est relatif aux passions dans les anciens Dialectes Grecs. Le Dorien, où cette lettre se répete sans cesse, a quelque chose de mâle & de nerveux, & qui convient assez à des Guerriers. Les Latins au contraire emploient dans leur Poésie des mots où cette lettre domine, pour exprimer la douceur. Mollia luteola pingit Vaccinia caltha. Virg.

Parmi les peuples de l’Europe, les Espagnols & les Italiens sont ceux qui en font le plus d’usage, avec cette différence que les premiers remplis de faste & d’ostentation, ont continuellement dans la bouche des a emphatiques ; au lieu que les a des terminaisons Italiennes étant peu ouverts dans la prononciation, ils ne respirent que douceur & que mollesse. Notre Langue emploie cette voyelle sans aucune affectation.

A, est aussi une abréviation dont on se sert en différens Arts & pour différens usages. Voyez Abréviation.

A A A, chez les Chimistes, signifie une amalgame, ou l’opération d’amalgamer. Voy. Amalgamation & Amalgame. (M)

A, ā, ou ā ā ; on se sert de cette abréviation en Medecine pour ana, c’est-à-dire, pour indiquer une égale quantité de chaque différens ingrédiens énoncés dans une formule. Ainsi ♃ thuris, myrrhe, aluminis ā ∋j, est la même chose que ♃ thuris, myrrhe, aluminis, ana ∋j. Dans l’un & l’autre exemple ā, ā ā & ana, signifient parties égales de chaque ingrédient. ♃ veut dire, prenez de l’encens, de la myrrhe, de l’alun, de chacun un scrupule.

Cette signification d’ana ne tire point son origine d’un caprice du premier Médecin qui s’en est servi, & ce n’est point l’autorité de ses successeurs qui en a prescrit la valeur & l’usage. La proposition ἀνὰ chez les Grecs se prenoit dans le même sens que dans les Auteurs de Medecine d’aujourd’hui.

Hippocrate dans son Traité des Maladies des Femmes, après avoir parlé d’un pessaire qu’il recommande comme propre à la conception, & après avoir spécifié les drogues, ajoute ἀνὰ ὄϐολον ἐκάζον, c’est-à-dire, de chacune une dragme. Voyez Ana. (N)

A. Les Marchands, Négocians, Banquiers, & Teneurs de Livres, se servent de cette lettre, ou seule, ou suivie de quelques autres lettres aussi initiales, pour abréger des façons de parler fréquentes dans le Négoce, & ne pas tant employer de tems ni de paroles à charger leurs Journaux, Livres de comptes, ou autres Registres. Ainsi l’A mis tout seul, après avoir parlé d’une Lettre de change, signifie accepté. A. S. P. accepté sous protêt. A. S. P. C. accepté sous protêt pour mettre à compte. A. P. à protester. (G)

* A, caractere alphabétique. Après avoir donné les différentes significations de la lettre A, il ne nous reste plus qu’à parler de la maniere de le tracer.

L’a dans l’écriture ronde est un composé de trois demi-cercles, ou d’un o rond & d’un demi o, observant les déliés & les pleins. Pour fixer le lieu des déliés & des pleins, imaginez un rhombe sur un de ces côtés ; la base & le côté supérieur, & le parallele à la base, marqueront le lieu des déliés ; & les deux autres côtés marqueront le lieu des pleins. V. Rhombe.

Dans la coulée, l’a est composé de trois demi-cercles, ou plutôt ovales, ou d’un o coulé, & d’un