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qu’elle soit d’ailleurs, d’un état à un autre, où elle est plus dégagée de parties hétérogenes, & plus propre aux usages qu’on s’en promet. Le sucre s’affine ; le fer s’affine ; le cuivre s’affine, &c. Je dis une portion de matiere solide, parce que l’affinage ne se dit pas des fluides : on les clarifie ; on les purifie, &c. mais on ne les affine pas.

L’affinage des métaux (Chimie.) se pratique différemment en différens pays, & selon les différentes vûes de ceux qui affinent. Il y a pour l’argent l’affinage au plomb, qui se fait avec une coupelle bien seche qu’on fait rougir dans un fourneau de reverbere ; ensuite on y met du plomb. La quantité du plomb qu’on emploie n’est pas la même par tout. On emploie plus ou moins de plomb, selon que l’argent qu’on veut coupeller est soupçonné d’avoir plus ou moins d’alliage. Pour savoir la quantité de plomb qu’on doit employer, on met une petite partie d’argent avec deux parties de plomb dans la coupelle ; & si on voit que le bouton d’argent n’est pas bien net, on ajoûte peu à peu du plomb jusqu’à ce qu’on en ait mis suffisamment ; ensuite on suppute la quantité de plomb qu’on a employée, & on sait ainsi combien il en faut pour affiner l’argent ; on laisse fondre le plomb avant que de mettre l’argent, & même il faut que la litarge qui se forme sur le plomb fondu, soit fondue aussi : c’est ce qu’on appelle en terme d’Art, le plomb découvert ou en nappe. Si on y mettoit l’argent plûtôt, on risqueroit de faire sauter de la matiere : si au contraire on tardoit plus qu’il ne faut pour que le plomb soit découvert, on gâteroit l’opération ; parce que le plomb seroit trop diminué par la calcination.

Le plomb étant découvert, on y met l’argent. Si on enveloppe l’argent, il vaut mieux l’envelopper dans une lame de plomb, que dans une feuille de papier ; parce qu’il seroit à craindre que le papier ne s’arrêtât à la coupelle.

L’argent dans la coupelle se fond, & tourne sans cesse de bas en haut & de haut en bas, formant des globules qui grossissent de plus en plus à mesure que la masse diminue ; & enfin ces globules, que quelques-uns nomment fleurs, diminuent en nombre, & deviennent si gros, qu’ils se réduisent à un qui couvre toute la matiere, en faisant une corruscation ou éclair, & reste immobile. Lorsque l’argent est dans cet état, on dit qu’il fait l’opale, & pendant ce tems il paroît tourner. Enfin on ne le voit plus remuer ; il paroît rouge ; il blanchit, & on a peine à le distinguer de la coupelle ; & dans cet état il ne tourne plus. Si on le tire trop vîte pendant qu’il tourne encore, l’air le saisissant il vegette, & il se met en spiralle ou en masse hérissée, & quelquefois il en sort de la coupelle.

Il y a quelques différences entre la façon de coupeller en petit, & celle de coupeller en grand : par exemple, lorsqu’on coupelle en grand, on souffle sur la coupelle pendant que l’argent tourne, pour le dégager de la litarge ; on présente à la litarge un écoulement, en pratiquant une échancrure au bord de la coupelle, & on retire la litarge avec un rateau ; ce qui fait que lorsque l’ouvrier ne travaille pas bien, on trouve du plomb dans la litarge, & quelquefois de l’argent ; ce qui n’arrive pas, & ce qu’on ne fait pas lorsqu’on coupelle en petit. Il faut dans cette opération compter sur seize parties de plomb pour chaque partie d’alliage.

L’affinage de l’argent au salpetre se fait en faisant fondre de l’argent dans un creuset dans un fourneau à vent ; lorsque l’argent est fondu, c’est ce qu’on appelle la matiere est en bain : l’argent étant dans cet état, on jette dans le creuset du salpetre, & on laisse bien fondre le tout ensemble ; ce qu’on appelle braser bien la matiere en bain.

On retire le creuset du feu, & on verse par inclination dans un baquet plein d’eau où l’argent se met en grenaille, pourvû qu’on remue l’eau avec un balai ou autrement : si l’eau est en repos, l’argent tombe en masse.

On fond aussi l’argent trois fois, en y mettant du salpetre & un peu de borax chaque fois ; & la troisieme fois, on laisse refroidir le creuset sans y toucher, & on le verse dans une lingotiere ; ensuite on le casse, & on y trouve un culot d’argent fin : les scories qui sont dessus, sont composées du salpetre & de l’alliage qui étoit dans l’argent.

Deux onces de salpetre & un gros de borax calciné par marc d’argent, ce qu’on réitere tant que les scories ont de la couleur.

On peut affiner l’or par le nitre, comme on affine par ce moyen l’argent, si ce n’est qu’il ne faut pas y employer le borax, parce qu’il gâte la couleur de l’or : l’or melé d’argent ne peut s’affiner par le salpetre.

L’affinage de l’or se fait en mettant fondre de l’or dans un creuset, & on y ajoûte peu à peu, lorsque l’or est fondu, quatre fois autant d’antimoine : lorsque le tout sera dans une fonte parfaite, on versera la matiere dans un culot, & lorsqu’elle sera refroidie, on séparera les scories du métal ; ensuite on fera fondre ce métal à feu ouvert pour en dissiper l’antimoine en soufflant ; ou pour avoir plûtôt fait, on y jettera à différentes reprises du salpetre.

L’antimoine n’est meilleur que le plomb pour affiner l’or, que parce qu’il emporte l’argent, au lieu que le plomb le laisse, & même en donne.

Il y a l’affinage de l’or par l’inquart qui se fait par le moyen de l’esprit de nitre, qui dissout l’alliage de l’or & l’en sépare. Cet affinage ne se peut faire que lorsque l’alliage surpasse de beaucoup en quantité l’or ; il faut qu’il y ait le quart d’or : il se peut faire lorsqu’il y en a plus ; il ne se fait pas si bien lorsqu’il y en a moins.

On affine aussi l’or par la cimentation, en mettant couche sur couche des lames d’or & du ciment composé avec de la brique en poudre, du sel ammoniac & du sel commun, & on calcine le tout au feu : il y en a qui mettent du vitriol ; d’autres du verd de gris, &c.

Affiner, v. a. rendre plus pur : affiner l’argent, c’est purifier ce métal de tous les métaux qui peuvent lui être unis, en les séparant entierement de lui.

Affiner est aussi neutre : on peut dire l’or s’affine, &c.

Affineur, s. m. celui qui affine l’or & l’argent, &c.

Affinerie, s. f. lieu où l’on rend plus purs les métaux, le sucre, &c. Affinerie se dit aussi du fer affiné. On peut dire, j’ai acheté tant de milliers d’affinerie.

Il y en a qui disent raffiner, raffinement, raffineur & raffiné : mais ces mots sont plus propres dans le moral que dans le physique. Voyez sur ces différentes affineries les articles des métaux. (M)

Affinage, terme de Filassier. Voyez Chanvre & Affiner.

AFFINER, v. neut. terme de Marine. On dit le tems affiné : c’est-à-dire qu’il n’est plus si sombre ni si chargé, & que l’air commence à s’éclaircir. Le tems s’étant affiné, nous découvrîmes deux vaisseaux qui étoient sous le vent à nous, auxquels nous donnâmes chasse jusqu’au soir. Voyez Tems. (Z)

Affiner, en terme de Cloutier d’épingle, c’est faire la pointe au clou, en le faisant passer sur la meule. Voyez Meule.

Affiner, c’est la derniere façon que les Filassiers donnent au chanvre pour le rendre assez fin & assez menu, pour en pouvoir faire du fil propre à toutes sortes d’ouvrages. Voyez Chanvre.

AFFINERIE : on donne le nom d’affinerie, aux bâtimens, où les ouvriers affineurs travaillent. Par conséquent il y a des bâtimens d’affinerie de su-