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tation : en conséquence je ne balançai pas à la lui lire et à la lui présenter. Comme c’était en effet mes véritables sentiments, la lecture que j’en fis acheva de lui donner le caractère de la vérité, et Sa Majesté Impériale en fut tout à fait touchée.

Le baron de Noltken, ministre de Suède à Pétersbourg, un de ceux que j’avais consultés, vint quelques jours après savoir comment la supplique avait pris. « Fort bien », lui dis-je. Il me répondit : « J’étais sûr de son effet. » Et il ajouta : « Vous avez fait votre devoir en très-galant homme, en homme parfaitement désintéressé, et je suis bien sûr que l’impératrice fera le sien. — Mais, monsieur le baron — J’entends, vous avez parlé très-sérieusement à l’impératrice ; ce que vous lui avez dit, c’est ce que vous pensez réellement ; mais il est impossible qu’elle vous prenne au mot. Elle a été frappée de vos raisons parce qu’elles sont bonnes. Elle ne voudra pas ôter au bien que vous direz d’elle le caractère de la vérité ; mais quand vous aurez parlé, elle agira. C’est ce que je ferais à sa place, et ce qu’elle fera : ainsi elle différera plus ou moins les marques de sa bienfaisance, mais elles viendront, n’en doutez pas ; car je la connais, cela est tout à fait selon sa manière de faire. »

Ma bonne, que le ministre de Suède ait rencontré ou non, je te jure que cela m’importe peu ; je suis content de moi, et je serai toujours content d’elle. Nous lui devons tout ; quoi que j’aie fait et que je fasse, je demeurerai toujours en reste. Voilà tout ce que je vois, et je ne verrai jamais autrement, ni toi non plus, car je te connais.

Adieu, ma bonne, je t’embrasse de tout mon cœur ; salue tout le monde de ma part.

Il est bien décidé que mon retour ne me coûtera rien, et que mon conducteur a eu ordre de l’impératrice de faire toutes les dépenses du voyage, et de ne rien recevoir de moi. Cela m’a fait plaisir sans me surprendre ; je reconnais bien la souveraine à ce généreux procédé.