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J’y dînai hier avec l’homme, comme vous pensez bien, et je fus fou à ravir, et je vous jure sans effort.

Bonjour. Je ferai tout mon possible pour vous voir encore une fois, dussé-je aller à la Briche.

Vestimenta suspendi mani deo,

Et ce qu’il y a d’heureux, c’est que j’en suis à mon dernier voyage.


LIII

AU MÊME.
Au Grandval, 21 octobre 1770.

Vous êtes, mon ami, très-fin, très-délié, mais pour cette fois je crois que je vois mieux que vous, parce que j’ai sur le nez d’autres besicles que les vôtres.

J’aime mieux la croire inconstante que malhonnête. Voyez {{M.|l’Écuyer[1] s’installer entre la mère et la fille à Bourbonne ; toutes les deux, convaincues qu’il en voulait à l’une ou à l’autre, cependant appeler ses visites ; le retenir à souper tous les jours ; retarder son retour, le mener à Vandœuvre où il n’est pas connu ; à Châlons où il ne l’est pas davantage ; lui permettre à Paris une cour assidue, accepter de lui et voiture et gibier dont j’ai mangé par parenthèse et que j’ai trouvé bon, attendre une déclaration, arranger une présentation au Louvre ; accorder la permission d’écrire et par conséquent s’engager à répondre, etc.

Oh ! ma foi, mon ami, si l’on a bien résolu de refuser à cet homme-là ce qu’il est aussi encouragé à demander, vous avouerez qu’on s’expose de gaieté de cœur à le rendre profondément malheureux ; est-ce là le rôle qui convient à une femme aussi franche, aussi bonne, aussi honnête que notre amie[2] ?

Et mon bonheur et ma tranquillité, que deviennent-ils dans

  1. M}}. de Foissy, écuyer du duc de Chartres. V. le Voyage à Bourbonne.
  2. Mme  de Prunevaux.