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et que les Russes scandalisés s’étaient écriés : Voilà donc les franxouski manières ! c’est que ce sont les propres expressions dont on en a écrit à Paris.

Si la souveraine a bien voulu s’occuper d’une misère à laquelle vous mettiez tant d’intérêt, c’est par une faveur spéciale. Voilà qui est bien pour une fois ; mais je ne crois pas qu’il fallût y revenir. Je n’entends pas comment j’ai pu manquer à toutes les Russies, et moins encore à mon auguste bienfaitrice, lorsque j’ai supposé que des caquets tels que ceux dont toutes les maisons retentissent ici et ailleurs n’étaient pas faits pour arriver à ses oreilles. Belle affaire à discuter devant ou après les troubles de la Pologne !

Et puis vous ajoutez avec une douceur, une aménité toute particulière : D’où vous vient donc ce vertige ? Informez-vous mieux ou renfermez-vous dans un très-profond silence. Savez-vous qu’on en serait bien tenté ? Ne parlez de ce ton-là, à qui que ce soit sous le ciel, qu’à moi. Il faut, pour le pardonner, une dose d’estime et d’amitié que tous les autres n’ont pas. Vous me rendez sérieux ; mais cela ne durera pas.

Si j’ai trouvé M. de la Rivière affligé, ce n’est pas d’avoir fait le mal, c’est de n’avoir pu faire le bien. J’ai vu la réponse modérée qu’il a faite à votre atroce libelle. Et vous ne vous contentez pas de l’avoir écrit, et de l’avoir écrit contre un homme dont vous savez l’âme flétrie d’ailleurs ; vous le publiez ! Tenez, mon ami, ne parlons plus de cela, je me sens affligé.

Mademoiselle Victoire, vous êtes jeune. Votre talent et vos qualités personnelles vous exposeront encore à d’autres mortifications, et cela est à peu près juste ; car à qui voulez-vous donc que l’envie s’adresse, si ce n’est au mérite dont l’éclat le blesse ? Fermez l’oreille, ne répondez jamais. Continuez d’être honnête. Devenez, s’il se peut, de jour en jour plus habile, et laissez à votre conduite et à vos ouvrages le soin de vous défendre. Les méchants ne sont forts que contre ceux qui leur ressemblent.

Je vous prie, mon ami, de remercier M. Gleboff de l’honneur qu’il m’a fait de me traduire.

Eh ! vraiment oui, le buste est tout à fait gâté ; ce qui n’a pas empêché M. de la Rivière de le retrouver ressemblant. Je recevrai, comme une marque singulière de l’amitié de Mlle Collot, le nouveau don qu’elle se charge de m’obtenir de la bonté de