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Je ne vous ai cité toutes les merveilleuses qualités de mon cheval que dans la surprise d’apprendre qu’il s’était mis un beau jour à ruer et à mordre.

Vous n’êtes point marié ! Eh bien, tant pis pour vous, mon ami, car je connais bien la seule femme que vous eussiez épousée. Il y a deux ans qu’on vous croit époux, et qu’on me le dit ; et il y a deux ans que je réponds que je le saurais.

Pourquoi je vous charge de l’affaire Rulhières et non le général Betzky ; c’est que les lettres que je vous écris sont moins sujettes à être ouvertes que celles que je lui écrirais. C’est que j’ai pensé en écrire directement à Sa Majesté Impériale ; c’est que, puisqu’il devait y avoir un intermédiaire, j’ai mieux aimé que vous le fussiez que personne. C’est que c’était une affaire à traiter de littérateur à littérateur, et non de littérateur à ministre. C’est qu’on a tout gâté, et que je me doutais qu’il en serait ainsi.

L’argent s’accepte ou se refuse, selon l’homme qui le propose.

C’était à vous que j’adressais le mémoire de Simon. J’ai peu compté sur le succès de cette négociation. C’est comme un Russe qui répéterait ici une dette de la minorité de Louis XIV. Le créancier n’en tirât-il qu’un écu, ce serait toujours de quoi vivre un jour.

L’histoire de votre maison ne finirait point. Vous n’avez point fait de sottise ; mais peu s’en est fallu. Il faudra bien que les choses s’arrangent à votre gré.

L’histoire de l’artiste qui l’occupera jusqu’à la fin de ce mois serait encore fort longue, et vous la trouverez dans mon remercîment à l’Académie.

Si vous m’eussiez renvoyé ma lettre, c’eût été défendre crûment à votre ami de vous dire jamais ce qu’il croyait la vérité.

Ce n’était pas la peine de rêver si longtemps pour prendre le parti le moins digne (vous voyez que vos menaces ne me font rien), ou l’impératrice aurait méprisé cette calomnie, ou si elle y eût attaché quelque importance, elle n’aurait pas dédaigné de s’en éclaircir. Et puis, je m’en réfère aux premières pages de cette lettre ; ce sont mes principes, et j’ai juré de n’en pas changer.

Lorsque je vous ai dit que vous aviez manqué à votre nation,