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Champagne, en malaga, en toutes couleurs, en tout pays. Je suis, comme vous savez, votre admirateur, et je serais bien fâché que vous ne me comptassiez pas au nombre de vos amis.


XXXIX


À L’ACADÉMIE IMPÉRIALE DES BEAUX-ARTS
À SAINT-PÉTERSBOURG[1].
5 février 1767.
Messieurs,

Comblé par Sa Majesté Impériale de bienfaits, que j’ai très-peu mérités, j’ose aspirer à un honneur qu’assurément je ne mérite pas davantage. Voilà l’effet ordinaire des grâces ; on s’enhardit, par celles qu’on a obtenues, à solliciter celles qu’on peut obtenir encore ; avec un mérite borné, on forme des prétentions sans mesure, et le philosophe même n’est pas à l’abri de cette séduction.

L’Académie est composée de trois classes où l’on voit le talent qui produit, entre la protection qui encourage et le bon goût qui apprécie. Si je me demande à moi-même quelle est, de ces trois classes, celle où je puis être admis, je ne suis pas peu embarrassé de me répondre ; en effet, suis-je un grand, un homme puissant ? Non, messieurs. Un artiste distingué ? Non, messieurs. Un amateur éclairé ? Je craindrais d’en appeler sur ce point même au témoignage de M. Falconet, mon ami ; il serait heureux pour moi messieurs, que vous vous proposassiez d’imiter une fois notre auguste fondatrice, et que vous ne dédaignassiez pas d’illustrer gratuitement celui qu’Elle a si gratuitement enrichi ; alors je pourrais compter sur quelques-uns de vos suffrages. Les autres membres de l’Académie honoreraient leur titre, je serais très-honoré du mien. L’Académie

  1. Inédite. Communiquée par M. Howyn de Tranchère.