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comment imaginer qu’ils soient bons ? Tandis qu’on me joue pour la troisième fois, je suis à la table de mon ami Damilaville et je vous écris sous sa dictée que si le jeu des acteurs eût un peu plus répondu au caractère de la pièce, j’aurais été ce qu’ils appellent aux nues et que, malgré cela, j’aurai le succès qu’il faut pour contrister mes ennemis. Il s’est élevé du milieu du parterre des voix qui ont dit : Quelle réplique à la satire des Philosophes ! Voilà le mot que je voulais entendre. Je ne sais quelle opinion le public prendra de mon talent dramatique et je ne m’en soucie guère, mais je voulais qu’on vît un homme qui porte au fond de son cœur l’image de la vertu et le sentiment de l’humanité profondément gravés, et on l’aura vu. Ainsi Moïse peut cesser de tenir les mains élevées vers le ciel. On a osé faire à la reine l’éloge de mon ouvrage. C’est Brizard qui m’a apporté cette nouvelle de Versailles. Adieu, mon cher maître, je sais combien vous avez désiré le succès de votre disciple et j’en suis touché. Mon attachement et mon hommage pour toute ma vie.

On revient de la troisième représentation. Succès, malgré la rage de la cabale.


XXVII

À SARTINE[1].
Ce 13 octobre 1761.
Monsieur,

Lorsqu’il fut question de recouvrer les diamants de la parure de Mme la Dauphine, le sieur Belle, marchand joaillier, rue Saint-Louis, dont j’ai eu l’honneur de vous parler comme d’un homme distingué par sa droiture, reçut vos différents ordres ci-joints.

  1. Cette lettre inédite, communiquée par M. Moulin, n’a pas de suscription. Elle porte en tête cette note : M. Puissant. La demande est juste. Écrire un mot au sieur Belle pour lui permettre de vendre le diamant, et tout à côté, d’une autre écriture : Le 15 octobre, écrit à M. Belle qu’il peut disposer des deux gros brillants de 18,000 livres et de deux brillants pesant environ 7 grammes.