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due, la voici : « Je saurai bien me tirer de ma querelle avec le P. Berthier sans le secours de personne ; je n’ai point d’argent, mais je n’en ai que faire. Quant aux mémoires que l’on m’offre, je n’en pourrai faire usage qu’après les avoir très-sérieusement examinés et je n’en ai pas le temps. »

Jugez-nous actuellement le P. Berthier et moi, vous, mon révérend Père, qui joignez tant d’équité à tant de discernement.

Je suis, monsieur et révérend Père, avec le respect le plus profond et toute la vénération qu’on doit aux hommes supérieurs, etc.


VI

AU MÊME.
2 juillet 1751.
Monsieur,

Je ne connais rien de si fin et de si délié et qui marque tant de goût et tant de précision que vos observations ; vous avez raison partout. Les deux Ajax sont mal dessinés[1], mais c’est leur faute et non la mienne. Quant à la nuit de Vernet, je conviens que, tout admirable qu’elle soit dans son tableau, elle n’avait pas la majesté ni le pathétique de la nature, ce qui signifie tout au plus que mon exemple est mal choisi, mais ce qui n’empêche pas mon principe d’être vrai. Il est certain, je crois, que toutes les fois que le plaisir réfléchi se joindra au plaisir de la sensation, je dois être plus vivement affecté que si je n’éprouvais que l’un ou l’autre. Je viens de recevoir de bien loin une autre lettre sur la même matière, et l’on me propose à cette occasion cinq ou six questions bien délicates à discuter ; mais comment faire au milieu des énormes occupations dont je suis accablé ? Si cependant je pouvais dérober un moment à l’Encyclopédie, je ne dis pas qu’il ne m’échappât une troisième

  1. Dans la Lettre sur les sourds et muets. Voir ces deux figures tome I pages 422 et 423. Leur se rapporte sans doute aux dessinateurs.