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ne mérite de votre part que le silence ou la réponse la plus verte. Il vint chez moi, il y a quelques jours ; je lui reprochai la noirceur qu’il y avait à brouiller avec une fille une mère qui l’avait comblé d’amitié. Il s’en défendit ; il entassa mensonges sur mensonges ; je lui mis votre lettre, ou plutôt celle qu’il vous avait écrite, sous le nez ; il resta confondu, il balbutia, et tandis qu’il balbutiait, je le pris par les épaules, et le chassai comme un gueux.

Vous eûtes pitié de sa fille, votre nièce, et vous laissâtes des nippes, du linge et quelque argent pour faciliter son entrée dans un couvent. L’argent a été mangé, les nippes vendues, et la pauvre créature est sans vêtements, sans pain, sans ressources, exposée à mourir de faim dans une chambre où on l’enferme toute seule. Cet état misérable et les suites qu’il peut amener me déchirent l’âme. Ce n’est pas le père, qu’il faut abandonner au sort qu’il mérite, ce n’est pas la mère, qui ferme cruellement les yeux sur la misère de son enfant, qu’il faudrait soulager ; c’est cette enfant. Mademoiselle, faites une bonne action, faites une action que vous puissiez vous rappeler toute votre vie avec satisfaction. Tendez la main à cette enfant. Il ne faut sacrifier à cela que ce qu’un domino un peu orné pourrait vous coûter pour un bal de parade. Privez-vous d’une partie de plaisir, d’un ajustement, d’une fantaisie coûteuse, et votre nièce vous devra la vie, l’honneur, le bonheur de sa vie.

Si vous joignez cette bonne action au bon procédé que vous avez avec votre mère, vous serez vraiment respectable à mes yeux, plus respectable que bien des femmes fières de la régularité de leurs mœurs, et qui croient avoir tout fait quand elles se sont sauvées de la galanterie.

Présentez mon respect à M. le comte, faites son bonheur, puisqu’il veut bien se charger de faire le vôtre. Je vous salue et vous embrasse de tout mon cœur. Nous nous réjouirons toujours de vos succès.