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le cardinal, écrivant toujours.

Ce n’est pas du tout pour cela.

l’espion.

On parle de votre dernier ouvrage, et l’on assure qu’il est mauvais, et que c’est un autre qui l’a fait

le cardinal, cessant d’écrire et se levant avec fureur.

Eh ! pourriez-vous, monsieur le maroufle, me nommer quelques-uns de ces gens-là ?


Avez-vous jamais entendu parler d’une demoiselle Basse, danseuse d’Opéra ? Elle était entretenue et, qui pis est, aimée par un M. Prévôt que vous connaissez. Il se présente un grand parti pour ce jeune homme ; de la beauté, de la jeunesse, de l’esprit, des talents : cela ne se refuse pas sans quelque raison secrète. Les parents suivent la conduite de leur fils. Ils découvrent l’intrigue. La mère du jeune homme s’adresse à Mlle Basse, et la conjure de fermer sa porte à son fils et de se joindre à une famille désespérée pour ramener son enfant. Elle le promet ; mais pour un moyen qu’elle avait d’éloigner son amant, celui-ci en avait cent de se rapprocher d’elle. Elle finit par se mettre au couvent. Le jeune homme se marie. La mère va trouver Mlle Basse et lui présente un contrat. Mlle Basse le refuse, et dit à Mme Prévôt qu’elle avait plus de fortune qu’il ne lui en fallait pour le parti qu’elle avait résolu de prendre : le lendemain, en effet, elle se fait carmélite.

Nous avons achevé l’histoire de Mlle Basse. Nous prétendons qu’un de ces matins elle sautera par-dessus la clôture, et que Mme Prévôt ira lui porter, dans un grenier, le contrat qu’elle a refusé et qu’elle acceptera.

M. le marquis de Gouffier s’est entêté de Mlle d’Oligny. Il lui a fait faire les propositions les plus folles qu’elle a refusées. Il s’est offert à l’épouser. Mlle d’Oligny a répondu qu’elle serait honteuse d’être sa maîtresse, et qu’il serait honteux d’être son mari. Le marquis, un de ces jours qu’au sortir de la Comédie elle s’en retournait chez elle avec sa mère, renverse la mère par terre, tandis que quatre estafiers, dont il était accompagné, se saisissent de la fille et la jettent dans un fiacre. La mère crie, la fille crie. Le fiacre ne veut pas marcher. La garde vient ; on