Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, X.djvu/242

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Quand la réputation des auteurs est faite, dit Sainte-Beuve (Causeries du lundi, t. VII), il est aisé d’en parler convenablement : on n’a qu’à se régler sur l’opinion commune ; mais, à leurs débuts, au moment où ils s’essayent et où ils s’ignorent en partie eux-mêmes, et à mesure qu’ils se développent, les juger avec tact, avec précision, ne pas s’exagérer leur portée, prédire leur essor ou deviner leurs limites, leur faire des objections sensées à travers la vogue, c’est le propre du critique né pour l’être. Grimm était doué de ce talent de jugement et de finesse qui, de près, est si utile et de loin si peu apparent… On n’est pas juste pour Grimm, on ne prononce jamais son nom sans y joindre quelque qualification désobligeante ; j’ai moi-même été longtemps dans cette prévention, et, quand je m’en suis demandé la cause, j’ai trouvé qu’elle reposait uniquement sur le témoignage de J.-J. Rousseau… Mais Rousseau, toutes les fois que son amour-propre et son coin de vanité malade sont en jeu, ne se gêne en rien pour mentir, et j’en suis arrivé à cette conviction qu’à l’égard de Grimm, il a été un menteur. »

Mensonges de Rousseau, oubli volontaire de Naigeon, piques de jalousie d’autres contemporains, tout cela, mis de côté, il restera, après la lecture des notes restituées, que Grimm, comme artiste, est aussi bon juge que comme littérateur, et que, quand il corrigeait Diderot, il le faisait avec convenance et sans les préoccupations mesquines que lui prête Naigeon.

Outre ces notes de Grimm, nous avons dû aussi rétablir les numéros du livret, pour la plupart dénaturés, ainsi que les notes qu’il contenait et qui ont aujourd’hui une valeur historique à laquelle on n’attachait pas encore d’importance il y a cinquante ans.