Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/269

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans ces entrefaites, le père de Pythias, moribond dans une contrée d’un continent voisin de Syracuse, désire de voir son fils avant que de mourir. Pythias est désolé de ne pouvoir satisfaire la dernière volonté de son père. Je ne sais pas encore si cet envoyé du père de Pythias à son fils sera réel ou une scélératesse du courtisan ; c’est comme il me conviendra. Pythias désolé entretient Damon de sa peine. Damon lui propose de se constituer prisonnier à sa place et d’obtenir du tyran la permission d’aller voir son père. Pythias accepte. Mais de qui se servir pour obtenir cette grâce du tyran ? On ne peut s’adresser ni à sa mère, ni au ministre, ni au tyran. Damon s’adresse au courtisan.

Le courtisan s’en charge ; il confère avec le ministre qu’il détermine à faire accorder la permission, et voici sa raison : on corrompra un batelier qui tuera Pythias, et le ministre sera libre d’un homme dangereux et lui d’un rival aimé. Mais Damon périra ?… Mais qu’importe qu’il périsse ? Les philosophes seront couverts d’ignominie aux yeux du tyran et des peuples, et tous leurs vœux seront remplis.

La permission est accordée : le batelier corrompu ; Pythias embarqué ; Damon constitué prisonnier. Le temps fixé au retour de Pythias s’écoule, et Pythias ne reparaît point. Denys, le ministre, le courtisan insultent à la philosophie et aux philosophes. La mère de Damon vomit des imprécations contre Pythias ; la fille est désespérée de la perte de son frère et de son amant. Damon et sa sœur restent fermes dans la juste opinion qu’ils ont conçue de Pythias, ils n’ont qu’un mot : ou il a péri, ou il reviendra. Cependant Pythias ne revient point, et l’on conduit Damon au supplice.

Comme on conduisait Damon au supplice, Pythias, qui dans la traversée avait inspiré aux passagers le plus profond respect, est sauvé de la perfidie du batelier ; il s’acquitte envers son père des derniers devoirs et revient. Il se jette au cou de son ami, il s’écrie : « C’est moi qu’il faut conduire à la mort ; me voilà ! » Le bruit de cet événement amène Denys. Il admire le courage et la tendresse de ces deux amis. Il soupçonne la fausseté de la prétendue conspiration ; il est éclairci sur le complot de son ministre et de son courtisan. Il exile le ministre, il envoie le bel esprit aux carrières ; il comble d’honneurs Pythias