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Scène IX.


MONSIEUR HARDOUIN, seul.

Moi, un bon homme, comme on le dit ! je ne le suis point. Je suis né foncièrement dur, méchant, pervers. Je suis touché presque jusqu’aux larmes de la tendresse de cette mère pour son enfant, de sa sensibilité, de sa reconnaissance, j’aurais même du goût pour elle ; et malgré moi je persiste dans le projet peut-être de la désoler… Hardouin, tu t’amuses de tout, il n’y a rien de sacré pour toi ; tu es un fieffé monstre… Cela est mal, très-mal… il faut absolument que tu te défasses de ce mauvais tour d’esprit… et que je renonce à la malice que j’ai projetée ?… Oh, non… mais après celle-là plus, plus ; ce sera la dernière de ma vie.



Scène X.


MONSIEUR HARDOUIN, MADAME DE VERTILLAC.
Monsieur Hardouin.

Seule ?

Madame de Vertillac.

Seule !

Monsieur Hardouin.

Qu’avez-vous fait de votre fille ?

Madame de Vertillac.

Ma fille, nous en parlerons tout à l’heure ; mais il faut d’abord que je vous entretienne d’une chose qui presse et qui pourrait m’échapper. Vous avez été lié avec le marquis de Tourvelle ?

Monsieur Hardouin.

Oui, avant que le Grisel[1] ne lui barbouillât la tête.

Madame de Vertillac.

L’êtes-vous encore ?

  1. Voir, sur Grisel, une note du Paradoxe sur le comédien, ci-après.