Quel intérêt j’y prends ? Le plus grand. Avez-vous regardé madame Bertrand ?
D’accord, elle est fort bien.
Et si je la trouvais telle depuis dix ans ?
Vous en auriez assez.
Laissons la plaisanterie. Vous êtes un très-galant homme, incapable de compromettre la réputation d’une femme et de faire mourir de douleur un ami. Ces gens de mer, peu aimables d’ailleurs, sont sujets à de longues absences.
Et ces longues absences seraient fort ennuyeuses pour leurs femmes, si elles étaient folles de leurs maris.
Madame Bertrand estimait fort le brave capitaine Bertrand, mais elle n’en avait pas la tête tournée, et cet enfant pour lequel elle sollicite la réversibilité de la pension, cet enfant…
Vous en êtes le père.
Je le suppose.
Pourquoi diable lui faire un enfant ?
C’est elle qui l’a voulu.
Cependant cela change un peu la thèse.
Je ne suis pas riche, vous connaissez ma façon de penser et de sentir. Dites-moi, si cette femme venait à mourir, croyez-vous que je pusse supporter les dépenses de l’éducation d’un enfant, ou me résoudre à l’oublier, à l’abandonner ? Le feriez-vous ?