Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/201

Cette page a été validée par deux contributeurs.



Scène III.


MONSIEUR HARDOUIN, MONSIEUR POULTIER, premier commis de la marine.
Monsieur Hardouin, vers la coulisse.

Monsieur Poultier, monsieur Poultier, c’est Hardouin, c’est moi qui vous appelle ; un mot, s’il vous plaît.

Monsieur Poultier.

Vous êtes un indigne ; je ne devrais pas vous apercevoir. Y a-t-il deux ans que vous me promettez de venir dîner avec nous ? Il est vrai qu’on m’a dit que c’était par cette raison qu’il n’y fallait point compter ; mais, rancune tenante, que me voulez-vous ?

Monsieur Hardouin.

Auriez-vous un quart d’heure à m’accorder ?

Monsieur Poultier, tirant sa montre.

Oui, un quart d’heure, mais pas davantage, c’est jour de dépêches.

Monsieur Hardouin, vers l’antichambre.

Qui que ce soit qui vienne, je n’y suis pas ; qui que ce soit, entendez-vous ?

Monsieur Poultier.

Cela semble annoncer une affaire grave.

Monsieur Hardouin.

Très-grave. Avez-vous toujours de l’amitié pour moi ?

Monsieur Poultier.

Oui, traître ; malgré tous vos travers, est-ce qu’on peut s’en empêcher ?

Monsieur Hardouin.

Si je me jetais à vos genoux, et que j’implorasse votre secours dans la circonstance de ma vie la plus importante, me l’accorderiez-vous ?

Monsieur Poultier.

Auriez-vous besoin de ma bourse ?