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Allez, renfermez-vous, et pour paraître, attendez mes ordres suprêmes.

Monsieur de Crancey.

Et je les recevrai avant la fin du jour ?

Monsieur Hardouin.

Avant la fin du jour.

Monsieur de Crancey.

Combien je vais souffrir et m’ennuyer ! Que ferai-je ? Je relirai ses lettres, je lui écrirai, je baiserai son portrait, je…

Monsieur Hardouin.

Adieu ! adieu !… Quelle tête ! Mais c’est ainsi qu’il faut aimer, ou ne pas s’en mêler.



Scène VIII.


MONSIEUR HARDOUIN, UN LAQUAIS.
Monsieur Hardouin.

Non, je crois que le ciel, la terre et les enfers ont comploté contre cette pièce… Les obstacles se succèdent sans relâche… Un procès à terminer, une pension à solliciter, une mère à mettre à la raison, et puis arranger des scènes au milieu de tout cela… Cela ne se peut… Ma tête n’y est plus… (Il se jette dans un fauteuil. Au laquais.) Eh bien ! qu’est-ce ? encore quelqu’un ?

Le laquais.

Pour celui-ci, je ne sais ce qu’il est. Il est entré brusquement. Je lui demande ce qu’il veut ; point de réponse. Je le tire par la manche, il me regarde et continue à se promener. Il a l’œil un peu hagard, il se parle à lui-même, il fait des éclats de rire. Du reste, il est très-poli. Si ce n’est pas un fou, c’est un poëte.

Monsieur Hardouin.

Je n’y tiens plus. En dépit de votre prédiction, monsieur des Renardeaux, vous me verrez à Gisors.

Le laquais.

Entrera-t-il ?