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Madame Bertrand.

Et ce talent, qui est-ce qui le possède ?

Monsieur Hardouin.

C’est vous, madame.

Madame Bertrand.

Qui est-ce qui se soucie de l’employer pour autrui ?

Monsieur Hardouin.

C’est moi… (Il se promène, il rêve.)

Madame Bertrand.

Oserais-je vous demander ce qui vous distrait ?

Monsieur Hardouin.

Le succès de votre affaire.

Madame Bertrand.

Que vous êtes bon !

Monsieur Hardouin.

Le point important, le grand point, le point essentiel…

Madame Bertrand.

Quel est-il ?… (À part.) Que va-t-il me dire ? Ressemblerait-il aux autres ? et m’en aurait-on imposé ?

Monsieur Hardouin.

C’est… c’est de se rendre personnelle la grâce qu’on sollicite, oui, personnelle. On est à peine écouté, même de son ami, quand on ne parle pas pour soi.

Madame Bertrand.

Celui de qui mon affaire dépend est le vôtre.

Monsieur Hardouin.

Eh ! vous avez raison. C’est Poultier, et j’oserais presque vous répondre de toute sa bienveillance.

Madame Bertrand.

Vous auriez la bonté de lui parler ?

Monsieur Hardouin.

Assurément.

Madame Bertrand.

Dieu soit loué ! on m’a dit vrai lorsqu’on m’assurait que vous étiez l’ami de tous les malheureux.