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simond :

Oui, mes enfants; vous saurez tout. Approchez, que je vous embrasse encore. (Il lève ses mains au Ciel.) Que le Ciel, qui me rend a vous, qui vous rend à moi, vous bénisse, qu'il nous bénisse tous. ( à Clairville.) ( à Constance.) Madame, pardonnez à un père qui retrouve ses enfants. Je les croyais perdus pour moi. Je me suis dit cent fois: Je ne les reverrai jamais. Ils ne me reverront plus. Peut-être, hélas ! ils s'ignoreront toujours! Quand je partis, ma chère Rosalie, mon espérance la plus douce était de te montrer un fils digne de moi, un frère digne de toute ta tendresse , qui te servît d'appui quand je ne serai plus et, mon enfant, ce sera, bientôt. Mais, mes enfants, pourquoi ne vois-je point encore sur vos visages ces transports que je m'étais promis? Mon âge, mes infirmités , ma mort prochaine vous affligent. Ah ! mes enfants, j'ai tant travaillé, tant souffert! Dorval, Rosalie ! 

En disant ces mots, le vieillard tient ses bras étendus vers ses enfants, qu'il regarde alternativement, et qu'il invite à se reconnaître.


Dorval et Rosalie se regardent et tombent dans les bras l'un de l'autre, ils vont ensemble vers les genoux de leur père en s'écriant


Dorval et Rosalie : Ah, mon père !

Lysimond Leur imposant ses mains et levant les yeux au Ciel, dit:

Ciel! je te rends grâces ! mes enfants se sont vus; ils s'aimeront, je l'espère, et je mourrai content. Clairville, Rosalie vous était chère. Rosalie, tu aimais Clairville. Tu l'aimes toujours. Approchez que je vous unisse.


Clairville sans oser approcher se contente de tendre les bras à Rosalie, avec tout le mouvement du désir et de la passion. Il attend, Rosalie le regarde un instant et s'avance. Clairville s'y précipite, et Lysimond les unit.


Rosalie :

Mon père? 

Lysimond : Mon enfant?

Rosalie : Constance. Dorval ils sont dignes l'un de l'autre.

Lysimond à Constance et à Dorval :

Je t'entends. Venez, mes chers enfants. Venez. Vous doublez mon bonheur.


Constance et Dorval s'approchent gravement de Lysimond. Le