Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée

II ====


Rosalie, Dorval


Dorval : d'un ton un peu ému

Permettez mademoiselle qu'avant mon départ ( à ces mots Rosalie parait étonnée. ) j'obéisse à un ami, et que je cherche à lui rendre auprès de vous un service qu'il croit important. Personne ne s'intéresse plus que moi à votre bonheur et au sien; vous le savez. Souffrez donc que je vous demande en quoi Clairville a pu vous déplaire, et comment il a mérité la froideur avec laquelle il dit qu'il est traité.

Rosalie : C'est que je ne l'aime plus.

Dorval : Vous ne l'aimez plus !

Rosalie : Non, Dorval.

Dorval : Et qu'a-t-il fait pour s'attirer cette horrible disgrâce ?

Rosalie : Rien. Je l'aimais. J'ai cessé. j'étais légère apparemment, sans m'en douter.

Dorval : Avez-vous oublié que Clairville est l'amant que votre cœur a préféré ? Songez-vous qu'il traînerait des jours bien malheureux, si l'espérance de recouvrer votre tendresse lui était ôtée ? Mademoiselle, croyez-vous qu'il soit permis à une honnête-femme de se jouer du bonheur d'un honnête-homme?

Rosalie : Je sais, là-dessus , tout ce qu'on peut me dire. Je m'accable sans cesse de reproches. Je suis désolée. Je voudrais être morte.

Dorval : Vous n'êtes point injuste.

Rosalie :