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Le Père de famille.

Vous vous trompez, monsieur le Commandeur.

Saint-Albin.

Mon oncle !

Le Commandeur.

Relire-toi. Je voue à ta sœur la haine la mieux conditionnée ; et toi, tu aurais cent enfants, que je n’en nommerais pas un. Adieu. (Il sort.)

Le Père de famille.

Allons, mes enfants. Voyons qui de nous saura le mieux réparer les peines qu’il a causées[1].

Saint-Albin.

Mon père, ma sœur, mon ami, je vous ai tous affligés. Mais voyez-la, et accusez-moi, si vous pouvez.

Le Père de famille.

Allons, mes enfants ; monsieur Le Bon, amenez mes pupilles. Madame Hébert, j’aurai soin de vous. Soyons tous heureux. (À Sophie.) Ma fille, votre bonheur sera désormais l’occupation la plus douce de mon fils. Apprenez-lui, à votre tour, à calmer les emportements d’un caractère trop violent. Qu’il sache qu’on ne peut être heureux, quand on abandonne son sort à ses passions. Que votre soumission, votre douceur, votre patience, toutes les vertus que vous nous avez montrées en ce jour, soient à jamais le modèle de sa conduite et l’objet de sa plus tendre estime…

Saint-Albin

Ah ! oui, mon papa.

Le Père de famille, à Germeuil.

Mon fils, mon cher fils ! Qu’il me tardait de vous appeler de ce nom. (Ici Cécile baise la main de son père.) Vous ferez des jours heureux à ma fille. J’espère que vous n’en passerez avec elle aucun qui ne le soit… Je ferai, si je puis, le bonheur de tous… Sophie, il faut appeler ici votre mère, vos frères. Mes enfants, vous allez faire, au pied des autels, le serment de vous aimer toujours. Vous ne sauriez en avoir trop de témoins. Approchez,

  1. On supprimait, à la représentation, tout ce qui suit, et la pièce se terminait sur ces paroles du Père de famille : Venez, Germeuil ; venez, Sophie. Le jour qui vous unira sera le plus solennel de votre vie ; puisse-t-il être aussi le plus fortuné !… Allez, mes enfants… Qu’il est cruel !… qu’il est doux d’être père !…