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ment… Mais j’ai fait une bévue. Le nom de cette Clairet eût été fort bien sur ma lettre de cachet, et il n’en aurait pas coûté davantage[1]… Mais le bonhomme ne vient point… Je n’ai plus rien à faire, et je commence à m’ennuyer… (Il se retourne ; et apercevant le Père de famille qui vient, il lui dit :) Arrivez donc, bonhomme ; arrivez donc.



Scène IX


LE COMMANDEUR, LE PÈRE DE FAMILLE.
Le Père de famille.

Et qu’avez-vous de si pressé à me dire[2] ?

Le Commandeur.

Vous l’allez savoir… Mais attendez un moment. (Il s’avance doucement vers le fond de la salle, et dit à la femme de chambre qu’il surprend au guet :) Mademoiselle, approchez. Ne vous gênez pas. Vous entendrez mieux[3].

Le Père de famille.

Qu’est-ce qu’il y a ? À qui parlez-vous ?

Le Commandeur.

Je parle à la femme de chambre de votre fille, qui nous écoute.

Le Père de famille.

Voilà l’effet de la méfiance que vous avez semée entre vous et mes enfants. Vous les avez éloignés de moi, et vous les avez mis en société avec leurs gens.

Le Commandeur.

Non, mon frère, ce n’est pas moi qui les ai éloignés de vous ; c’est la crainte que leurs démarches ne fussent éclairées de trop près. S’ils sont, pour parler comme vous, en société avec leurs gens, c’est par le besoin qu’ils ont eu de quelqu’un qui les servît dans leur mauvaise conduite. Entendez-vous, mon

  1. On supprimait à la représentation depuis : Mais j’ai fait une bévue.
  2. Mademoiselle Clairet entr’ouvre la porte du salon, passe la tête et écoute. (Édition conforme à la représentation.)
  3. Mademoiselle Clairet se retire et pousse la porte. (Id.)