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Madame Hébert.

Mais on me la rendra, et je puis y compter ?

Le Commandeur.

Oui, oui, comptez et partez.

Deschamps, en la voyant sortir.

Que maudits soient la vieille, et le portier qui l’a laissée passer !

Le Commandeur, à Deschamps.

Et toi, maraud… va, conduis cette femme chez elle… et songe que si l’on découvre qu’elle m’a parlé… ou si elle se remontre ici, je te perds[1].



Scène XIII


LE COMMANDEUR, seul.

La maîtresse de mon neveu dans l’appartement de ma nièce !… Quelle découverte ! Je me doutais bien que les valets étaient mêlés là dedans. On allait, on venait, on se faisait des signes, on se parlait bas ; tantôt on me suivait, tantôt on m’évitait… Il y a là une femme de chambre qui ne me quitte non plus que mon ombre… Voilà donc la cause de tous ces mouvements auxquels je n’entendais rien… Commandeur, cela doit vous apprendre à ne jamais rien négliger. Il y a toujours quelque chose à savoir où l’on fait du bruit… S’ils empêchaient cette vieille d’entrer, ils en avaient de bonnes raisons… Les coquins !… le hasard m’a conduit là bien à propos… Maintenant, voyons, examinons ce qui nous reste à faire… D’abord, marcher sourdement, et ne point troubler leur sécurité… Et si nous allions droit au bonhomme ?… Non. À quoi cela servirait-il ?… D’Auvilé, il faut montrer ici ce que tu sais[2]… Mais j’ai ma lettre de cachet !… ils me l’ont rendue !… la voici… oui… la voici. Que je suis fortuné !… Pour cette fois elle me servira. Dans un moment, je tombe sur eux. Je me saisis de la créature ;

  1. Variante : Je te fais pendre. Deschamps, en s’en allant : Oui, monsieur.
  2. Ce passage depuis : Le hasard, était supprimé à la représentation.