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AMUSEMENTS POÉTIQUES


PAR M. LEGIER[1]


1769


(inédit)


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Ce sont des épîtres, des madrigaux, des fables, des contes. J’aime Legier ; c’est un bon enfant, bien paresseux, bien libertin ; mais ses Amusements poétiques m’ont un peu ennuyé. Ce n’est pas qu’il n’y ait de la grâce, de la facilité, du nombre, même une certaine noblesse de style ; mais cela est si commun, si pauvre, si vide d’idées ! Il a mis mon nom à la tête d’un conte très-ordurier, et cela me fâche presque autant pour lui, que pour moi. Mon ami Legier n’a pas des idées bien nettes de la décence. L’Épître qu’il m’a adressée à l’occasion du bienfait que j’ai reçu de l’impératrice de Russie, est peut-être la meilleure pièce du recueil. Il y a une centaine d’années que ces jeunes poëtes-là auraient joui de la plus grande réputation. Ils sont venus trop tard. Il n’y a plus personne à l’hôtel de Rambouillet. Je ne sais si le goût de la poésie a passé parmi nous ; mais je sais qu’on lit les vers de La Fontaine, de Racine et de Voltaire, avec autant et plus de plaisir que jamais. Qu’on nous en fasse donc de pareils. Jeunes poëtes, lisez, étudiez, instruisez-vous et vous chanterez ensuite.

  1. Londres (Paris, Delalain), in-8o. L’Épître à M. Diderot, qui se retrouve dans ce recueil, avait paru en 1765, in-8o, Londres (Paris, Panckoucke).