Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VI.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le maître.

Non. Au bout de huit jours nous nous rendîmes chez Le Brun pour voir ce que le reste de nos effets avait produit.

Jacques.

Rien, ou peu de chose. Le Bran fut triste, il se déchaîna contre le Merval et la demoiselle aux révérences, les appela gueux, infâmes, fripons, jura derechef de n’avoir jamais rien à démêler avec eux, et vous remit sept à huit cents francs.

Le maître.

À peu près ; huit cent soixante et dix livres.

Jacques.

Ainsi, si je sais un peu calculer, huit cent soixante et dix livres de Le Brun, cinquante louis de Merval ou de Fourgeot, la garniture, les manchettes et la bague, allons, encore cinquante louis, et voilà ce qui vous est rentré de vos dix-neuf mille sept cent soixante et quinze livres, en marchandises. Diable ! Cela est honnête. Merval avait raison, on n’a pas tous les jours à traiter avec d’aussi dignes gens.

Le maître.

Tu oublies les manchettes prises au prix coûtant par le chevalier.

Jacques.

C’est que le chevalier ne vous en a jamais parlé.

Le maître.

J’en conviens. Et les deux boîtes d’or et la montre mises en gage par Mathieu, tu n’en dis rien.

Jacques.

C’est que je ne sais qu’en dire.

Le maître.

Cependant l’échéance des lettres de change arriva.

Jacques.

Et vos fonds ni ceux du chevalier n’arrivèrent point.

Le maître.

Je fus obligé de me cacher. On instruisit mes parents ; un de mes oncles vint à Paris. Il présenta un mémoire à la police contre tous ces fripons. Ce mémoire fut renvoyé à un des commis ; ce commis était un protecteur gagé de Merval. On