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vivaient ensemble dans le château que tu connais, lorsque Desglands, appelé à la ville par une affaire d’intérêt eut le malheur de rencontrer chez son notaire une de ses anciennes connaissances de brelan, qui l’entraîna à dîner dans un tripot, où il perdit en une seule séance tout ce qu’il possédait. Sa maîtresse fut inflexible ; elle était riche ; elle fit à Desglands une pension modique et se sépara de lui pour toujours.

Jacques.

J’en suis fâché, c’était un galant homme.

Le maître.

[Comment va la gorge ?

Jacques.

Mal.

Le maître.

C’est que tu parles trop, et que tu ne bois pas assez.

Jacques.

C’est que je n’aime pas la tisane, et que j’aime à parler[1].]

Le maître.

Eh bien ! Jacques, te voilà chez Desglands, près de Denise, et Denise autorisée par sa mère à te faire au moins quatre visites par jour. La coquine ! préférer un Jacques !

Jacques.

Un Jacques ! un Jacques, monsieur, est un homme comme un autre.

Le maître.

Jacques, tu te trompes, un Jacques n’est point un homme comme un autre.

Jacques.

C’est quelquefois mieux qu’un autre.

Le maître.

Jacques, vous vous oubliez. Reprenez l’histoire de vos amours, et souvenez-vous que vous n’êtes et que vous ne serez jamais qu’un Jacques.

  1. Le passage renfermé entre deux crochets ne se trouve pas dans l’édition originale. (Br.) — Il manque en effet à la copie et il nous paraît d’ailleurs assez peu motivé.