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qui est écrit là-haut ? Qu’on dise à présent que c’est bien ou mal fait de donner son argent ; que c’est un malheur d’être assommé… Sans ces deux événements, M. Desglands n’aurait jamais entendu parler de Jacques.

Le maître.

M. Desglands, seigneur de Miremont ! C’est au château de Miremont que tu es ? chez mon vieil ami, le père de M. Desforges, l’intendant de ma province ?

Jacques.

Tout juste. Et la jeune brune à la taille légère, aux yeux noirs…

Le maître.

Est Denise, la fille de Jeanne ?

Jacques.

Elle-même.

Le maître.

Tu as raison, c’est une des plus belles et des plus honnêtes créatures qu’il y ait à vingt lieues à la ronde. Moi et la plupart de ceux qui fréquentaient le château de Desglands avaient tout mis en œuvre inutilement pour la séduire ; et il n’y en avait pas un de nous qui n’eût fait de grandes sottises pour elle, à condition d’en faire une petite pour lui.

Jacques cessant ici de parler, son maître lui dit : À quoi penses-tu ? Que fais-tu ?

Jacques.

Je fais ma prière.

Le maître.

Est-ce que tu pries ?

Jacques.

Quelquefois.

Le maître.

Et que dis-tu ?

Jacques.

Je dis : « Toi qui as fait le grand rouleau, quel que tu sois, et dont le doigt a tracé toute l’écriture qui est là-haut, tu as su de tous les temps ce qu’il me fallait ; que ta volonté soit faite. Amen. »

Le maître.

Est-ce que tu ne ferais pas aussi bien de te taire ?