Malgré cela, je vous prie, le livre, les flambeaux[1] ?
Non, non. Adressez-vous aux pavés qui vous diront ces choses-là, et profitez de la circonstance qui nous a rapprochés, pour apprendre des choses que personne ne sait que moi.
Vous avez raison.
Emprunter la robe et la perruque, j’avais oublié la perruque du garde des sceaux ! se faire un masque qui lui ressemble ! le masque surtout me tourne la tête. Aussi cet homme jouit-il de la plus haute considération ; aussi possède-t-il des millions[2]. Il y a des croix de Saint-Louis qui n’ont pas de pain ; aussi pourquoi courir après la croix, au hasard de se faire échiner, et ne pas se tourner vers un état sans péril[3], qui ne manque jamais sa récompense ? Voilà ce qui s’appelle aller au grand. Ces modèles-là sont décourageants ; on a pitié de soi, et l’on s’ennuie. Le masque ! le masque ! Je donnerais un de mes doigts pour avoir trouvé le masque.
Mais avec cet enthousiasme pour les belles choses et cette facilité de génie que vous possédez, est-ce que vous n’avez rien inventé ?
Pardonnez-moi ; par exemple, l’attitude admirative du dos dont je vous ai parlé ; je la regarde comme mienne, quoiqu’elle puisse peut-être m’être contestée par des envieux. Je crois bien qu’on l’a employée auparavant ; mais qui est-ce qui a senti combien elle était commode pour rire en dessous de l’impertinent qu’on admirait ! J’ai plus de cent façons d’entamer
- ↑ Lors d’une visite du roi à Croix-Fontaine, campagne de Bouret, le monarque se trouva en présence d’un in-folio portant pour titre : le Vrai Bonheur. Il l’ouvrit, et à chaque page il put lire : « le roi est venu chez Bouret. » Voilà pour le livre ; quant aux flambeaux, c’est aussi l’histoire d’un voyage du roi, sur la route duquel était placé, de vingt en vingt pas, un homme porteur d’une torche.
- ↑ Bouret, toujours mal dans ses affaires par suite de sa prodigalité, mourut en 1777, ayant dépensé 42 millions et en laissant 5 de dettes.
- ↑ Et non sans pareil.