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246 RÉPONSE D’UN AUTRE MÉDECIN.

un certain point n’influent considérablement sur le développement des différents organes.

Il n’en est pas tout à fait de même lorsque l’homme est parvenu à l’âge de vingt-cinq ans, toutes les parties ont pris à peu près leur consistance ; elles ne peuvent plus recevoir d’accroissement que dans une seule de leurs dimensions, je veux dire leur épaisseur, ce qui doit faire varier les formes infiniment moins ; aussi observe-t-on que les traits du visage, par exemple, qui, depuis l’enfance jusqu’à l’âge viril, changent quelquefois au point de ne conserver aucune ressemblance, n’éprouvent plus après cet âge d’altération assez considérable pour n’être pas reconnaissables.

Ce n’est pas assez de vous faire connaître les difficultés que présente votre problème, il est nécessaire de vous exposer également les principes qui peuvent en faciliter la solution ; comme la peinture et la sculpture ne présentent que les formes extérieures, je me contenterai de faire quelques réflexions sur ce qui les constitue.

Le tronc et les membres de l’homme et des animaux quadrupèdes sont recouverts d’une peau qui est une enveloppe qui prend les formes des diverses parties qu’elle recouvre. Les principales de ces parties, celles qui méritent le plus notre attention, sont les os et les muscles que le vulgaire appelle les chairs.

Les os, situés plus profondément, ne sont guère sensibles qu’aux environs de la poitrine et aux jointures ou articulations ; partout ailleurs, ils sont recouverts par les muscles qu’on peut considérer comme autant de cordes qui les meuvent. Ce sont donc principalement les muscles qui donnent la forme à nos membres. Tous les muscles qui constituent chaque membre ne se laissent pas également apercevoir à la surface, il n’y a que ceux qui sont situés superficiellement, ou du moins que ceux qui ne sont recouverts que par des muscles qui ont peu d’épaisseur dont on puisse distinguer les formes ; ceux même qui sont sensibles ne conservent pas toujours la même forme ; cette forme est différente lorsqu’ils agissent ou lorsqu’ils sont en repos. Pour se faire une idée du changement qu’ils éprouvent, il faut savoir qu’ils sont composés de deux genres de parties : 1° de fibres rouges charnues qui s’accourcissent dans leur action, et qui, en vertu de cet accourcissement, donnent plus d’épaisseur à toute la masse qu’elles composent, qu’on appelle le corps du muscle ; 2° de parties blanches denses et serrées, qui n’éprouvent aucune altération dans leur mouvement, qu’on appelle tendineuses. Ce sont