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un nœud de diamants, d’où pendait une riche dévote, dans un temps où l’on n’en portait plus ; une girandole de très beaux brillants à l’oreille droite, et une perle d’orient à la gauche ; une plume verte dans sa coiffure, dont un des côtés était en papillon, et l’autre en bat­tant l’œil, avec un énorme éventail à la main.

« Voilà l’ajustement sous lequel nous apparut Trocilla. »

la sultane.

La perle à l’oreille gauche est de trop.

la seconde femme.

« Elle salua Vérité sans la regarder ; s’étendit indécemment sur une sultane, tira de sa poche une lorgnette, dont elle ne se servit point, jeta à travers une conversation fort sérieuse trois ou quatre mots déplacés et plaisants, se moqua d’elle et du reste de la compagnie, et se retira. »

la sultane.

Je vous conseille de l’imiter. Après la nuit dernière, je crois que vous pourriez avoir besoin de repos. Bonsoir, messieurs ; mesdames, bonsoir ; car je crois que vous allez vous coucher.


CINQUIÈME SOIRÉE.


Ce soir, Mangogul avait ordonné qu’on laissât la porte de l’appartement ouverte ; et lorsque Mirzoza fut couchée, il profita du bruit que firent les improvisateurs en s’arrangeait autour de son lit, pour entrer sans qu’elle s’en doutât : il était placé debout, les coudes appuyés sur la chaise de la seconde femme et sur celle du premier émir, lorsque la sultane demanda à celui-ci si sa poitrine lui permettait de la dédommager du silence qu’il gardait depuis deux jours. L’émir lui répondit qu’il ferait de son mieux, et commença comme il suit :

le premier émir.

« Je pris pour elle ce qu’on appelle une fantaisie. »

la sultane.

Ce je, c’est le prince Génistan ; et cet elle, c’est apparemment Trocilla.

le premier émir.

Oui, madame.