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le parrain.

Il est né en France ; mais il s’est fait naturaliser sauvage.

le sage.

De quelle religion ?

le parrain.

Ses parents l’avaient fait catholique ; il s’est fait ensuite protestant : maintenant il désire devenir philosophe.

le sage.

Voilà de très-bonnes dispositions. Il faut actuellement examiner ses principes. Jeune homme, que croyez-vous ?

le prosélyte.

Rien que ce qui peut se démontrer.

le sage.

Le passé, n’étant plus, ne peut se démontrer.

le prosélyte.

Je ne le crois pas.

le sage.

L’avenir, n’étant pas encore, ne peut se démontrer.

le prosélyte.

Je ne le crois pas.

le sage.

Le présent est passé, quand on le démontre.

le prosélyte.

Je ne crois que ce qui me fait plaisir.

le sage.

Fort bien. Par conséquent vous ne croyez pas au témoignage des hommes.

le prosélyte.

Non, lorsqu’il me contredit.

le sage.

Croyez-vous au témoignage de Dieu ?

le prosélyte.

Non, dès qu’il me vient par les hommes.

le sage.

Croyez-vous en Dieu ?

le prosélyte.

C’est selon : si l’on entend par là la nature, la vie universelle, le mouvement général, j’y crois ; si l’on entend même une suprême