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énorme besogne n’avait été l’ouvrage que d’un très-petit nombre de grands hommes[1]. »


CCXXII.

Dans les grandes affaires, ne prendre conseil que de la chose et du moment.


CCXXIII.

Les plus mauvais politiques sont communément les jurisconsultes, parce qu’ils sont toujours tentés de rapporter les affaires publiques à la routine des affaires privées.


CCXXIV.

Employer les hommes à quoi ils sont propres ; chose importante, qu’aucune nation, qu’aucun gouvernement ancien ou moderne n’a si bien su que la petite société de Jésus : aussi, dans un assez court intervalle de temps est-elle parvenue à un degré de puissance et de considération dont quelques-uns de ses membres même étaient étonnés.

  1. J’ai cherché ce passage dans Salluste avec assez de soin pour être à peu près sûr qu’il ne s’y trouve pas ; je soupçonne fort Diderot d’en être plutôt l’auteur que le traducteur. Il semble en effet que ce passage nil antiquum sapit ; ce qu’il ne faut pas entendre de la pensée, qui est solide, judicieuse, et tout à fait à l’antique, mais seulement du style de la traduction, où l’on remarque des formes de phrases et certaines expressions libres et familières qui donnent au tout un air et, pour ainsi dire, un goût moderne, que sans doute on ne trouverait pas dans l’original… Je me rappelle en ce moment un beau passage de Salluste, dont le commencement a quelque rapport avec ce que Diderot fait dire ici à cet historien. Le voici tout entier ; on jugera mieux de ce qu’il a pu fournir à l’esprit et à l’imagination de son éloquent interprète ou de son imitateur : Nam sæpe ego cum animo meo reputans, quibus quisque rebus clarissumi viri magnitudinem invertissent ; quæ res populos, nationesve magnis auctoribus auxissent ; ac deinde quibus causis amplissuma regna et imperia corruissent : eadem semper bona atque mala reperiebam, omnesque victores divitias contemsisse, et victos cupivisse, etc. Sallust. Epistol. I, ad Cæsar. de republ. ordin., ix. (N.)