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CCXII.

Plus un souverain recommande l’exercice des lois, plus il est à présumer que les magistrats sont lâches. Tibère avait continuellement dans la bouche qu’il fallait exécuter les lois ; exercendas leges esse.


CCXIII.

Le crime de lèse-majesté[1] est le complément de toutes les accusations. Ce mot de Tacite peint et l’empereur, et le sénat et le peuple.


CCXIV.

Les victoires en imposent autant au dedans qu’au dehors ; on se soumet plus volontiers à un héros qu’à un homme ordinaire ; peut-être aussi s’y mêle-t-il un peu de reconnaissance et de vanité. On est fier d’appartenir à une nation victorieuse ; on est reconnaissant envers un prince à qui l’on doit cette illustration, compagne de la sécurité.


CCXV.

Je voudrais bien savoir ce qui se passait au fond de l’âme de Tibère, écoutant gravement en silence les sénateurs disputant si le préteur avait droit de verge[2] sur les histrions : cela devait lui paraître bien plaisant.


CCXVI.

Une autre fois, il garda le même silence, tandis qu’on agitait si le sénat pouvait délibérer d’affaires publiques dans l’absence de César ; et quoique la question fût plus importante, le doute ne lui en parut pas moins plaisant. En effet, de quoi s’agissait-il entre ces graves personnages ? de savoir s’ils étaient quelque chose ou rien.

  1. Majestatis crimine, quod tum omnium accusationum complementum erat. Tacit. Annal, lib. III, cap. xxxviii. (N.)
  2. Annal, lib. I, cap. lxxvii.