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XXXI.

Être le premier à prêter serment, à moins qu’on n’ait affaire à Catherine de Russie et qu’on ne soit le comte de Munick : cas rare. Le comte de Munick resta attaché à Pierre III jusqu’à sa mort ; après la mort de Pierre III, le comte se présenta devant l’impératrice régnante, et lui dit : « Je n’ai plus de maître, et je viens vous prêter serment ; je servirai Votre Majesté avec la même fidélité que j’ai servi Pierre III[1]. »


XXXII.

Ne jamais séparer le souverain de sa personne. Quelque familiarité que les grands nous accordent, quelque permission qu’ils semblent nous donner d’oublier leur rang, il ne faut jamais les prendre au mot.


XXXIII.

Appeler ses esclaves des citoyens ; c’est fort bien fait ; mais il vaudrait mieux n’avoir point d’esclaves.


XXXIV.

Toujours demander l’approbation dont on peut se passer ; c’est un moyen très-sûr de dérober au peuple sa servitude.


XXXV.

Toujours mettre le nom du sénat avant le sien. Ex senatus-consulto, et auctoritate Cæsaris. On n’y manque guère, quand le sénat n’est rien.

  1. Rulhière, Histoire ou Anecdotes sur la Révolution de Russie, en 1762, ne parle pas de serment offert. Quand tout espoir fut perdu de conserver le pouvoir à Pierre III, Munick se présenta à Peterhof devant Catherine au milieu de la foule. Ce fut la souveraine qui vint à lui : « Vous avez voulu me combattre ? — Oui, madame, et maintenant mon devoir est de combattre pour vous. » Munick fut bientôt séduit, « soit, ajoute Rulhière, qu’il fût touché de cet accueil généreux et inattendu, soit, comme on l’a cru, que son ambition fît encore cette tentative. »