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l’enfreindre impunément dans les grandes : maxime détestable, parce qu’il faut être juste dans les grandes choses et dans les petites ; dans ces dernières, parce qu’on en exerce la justice plus facilement dans les grandes.


IV.

L’exercice de la bienfaisance, la bonté, ne réussissent point avec des hommes ivres de liberté et envieux d’autorité ; on ne fait qu’accroître leur puissance et leur audace. Cela se peut.


V.

C’est aux souverains et aux factieux que je m’adresse ; lorsque les haines[1] ont éclaté, toutes les réconciliations sont fausses.


VI.

Faire une chose et avoir l’air d’en faire une autre, cela peut être dangereux ou utile : c’est selon la circonstance, la chose et le souverain.


VII.

Prévoir des demandes et les prévenir par une rupture ; maxime détestable.


VIII.

Donner la gale à son chien ; maxime d’ingrat. J’en dis autant de la suivante : offrir, et savoir se faire refuser.


IX.

Faire tomber le choix du peuple sur Camille, ou l’ennemi du tribun ; maxime tantôt utile, tantôt nuisible : utile, si le tribun est un factieux, nuisible si le tribun est un homme de bien.

  1. C’est une observation de Tacite ; mais je ne me rappelle pas dans ce moment celui de ses ouvrages où elle se trouve. Je puis seulement assurer qu’il l’a exprimée avec cette précision qui caractérise son style, et dont on ne trouve de grands modèles que dans cet historien que Racine appelle avec raison le plus grand peintre de l’antiquité. Voyez la préface de Britannicus. (N.) — Il doit s’agir ici de la fausse réconciliation de Germanicus et de Pison, Ann. lib. I, cap. lvii.