Page 105. — Les moyens que l’auteur propose pour prévenir l’inégalité des fortunes me déplaisent. Ils gênent la liberté, ils doivent nuire à l’industrie et au commerce, et donner aux citoyens un esprit de fausseté : ils seront sans cesse occupés des moyens de cacher leurs richesses et d’en disposer à leur gré.
Page 106. — Le riche fourni du nécessaire mettra toujours le superflu de son argent à l’achat des superfluités.
Et qu’importe qu’il ait des magots sur sa cheminée, pourvu qu’il n’y en ait point dans nos tribunaux ?
Page 107. — Un peuple sans argent, s’il est éclairé, communément est sans tyran.
Je le crois ; mais est-il bien facile aux nations de s’éclairer, sans un signe conventionnel de toutes les choses nécessaires à la vie ? Détruisez ce principe moteur, et vous en verrez naître un état de stagnation générale ; et cet état est-il bien favorable au progrès des sciences, des arts, et à la perfection de l’esprit humain ? Tout à l’heure vous avez défendu les connaissances contre Jean-Jacques, et voilà que vous ouvrez la porte à une ignorance universelle.
Page 111. — Celui qui peut donner de l’argent n’en donne pas toujours à la personne la plus honnête.
Et que m’importe qu’il fasse des catins, pourvu que les catins ne fassent pas des ministres ?
On peut certainement enflammer un peuple de la passion de la gloire sans l’intervention de l’or, c’est-à-dire qu’on aura des sujets très-belliqueux, des conquérants, des chevaliers, des paladins ; pour des savants, je vous en délie, à moins que votre petite colonie placée comme Lacédémone, ne soit environnée de nations instruites : mais alors sa durée sera bien précaire.
La résolution générale de toutes les nations de jeter dans la mer tout leur or est absurde à supposer. Il est donc bien plus