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— Un chien couchant. Je ne puis rien vous en dire : sera-t-il docile, ne le sera-t-il pas ? aura-t-il du nez ou n’en aura-t-il point ? C’est une affaire de race.

— Et ce quatrième ?

— Il promet un très-beau chien courant.

— Ce sont tous des chiens ?

— Oui.

— Et, dites-moi, j’ai un excellent garde-chasse, il fera tout ce que je voudrai ; ne pourrais-je pas lui ordonner de faire du basset un braque, du braque un lévrier, du lévrier un chien de plaine, du chien de plaine un chien courant, et du chien courant un barbet ?

— Gardez-vous-en bien.

— Et pourquoi ?… Ils ne font que de naître, ils ne sont rien ; propres à tout, l’éducation en disposera à mon gré.

— Vous vous moquez de moi.

— Monsieur Helvétius, vous avez raison. Mais si cependant il y avait dans l’espèce humaine la même variété d’individus que dans la race des chiens, si chacun avait son allure et son gibier ?


CHAPITRE III.


Page 15. — Mal d’autrui n’est que songe.

Vous interprétez mal ce proverbe. C’est-à-dire que le mal qui arrive à autrui me touche moins que le même mal qui m’arrive.


CHAPITRE IV.


Page 23. — Si le cerf aux abois m’émeut, si ses larmes font couler les miennes, ce spectacle si touchant par sa nouveauté est agréable au sauvage que l’habitude y endurcit.

— Pourquoi le cerf aux abois vous émeut-il ? Quel est le motif de votre commisération pour un animal à la place duquel vous ne vous mettez pas ?

— La nouveauté.

— La nouveauté surprend et ne touche pas. Cette commisération est d’animal à animal, ou si l’on aime mieux, c’est une illusion rapide amenée par des symptômes de douleur communs