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NOTICE PRÉLIMINAIRE




On a dit que Diderot avait collaboré activement au premier ouvrage d’Helvétius : De l’Esprit. Il est difficile et de nier cette collaboration et de la prouver. Il a sans doute fourni des pages. Il a certainement donné le point de départ : le paradoxe, comme il l’appelle, de la sensibilité afférente à la matière en général ; mais il a dû laisser Helvétius employer ces matériaux à sa façon et les mettre lui-même dans l’ordre méthodique qu’il affectionnait. Le collaborateur ou, si on l’aime mieux, l’inspirateur reprenait donc, l’ouvrage paru, son droit de critique et il n’a pas manqué de l’exercer. Il est dans ses Réflexions sur le livre de l’Esprit sympathique, mais sincère. Il reproche peut-être un peu trop — c’est du reste l’usage de presque tous les critiques — à l’auteur qu’il discute de n’avoir pas le même tempérament que lui ; mais c’est avec raison qu’il trouve les divisions trop méthodiques, lourdes, rendant les livres difficiles à lire et par conséquent mauvaises dans une œuvre de propagande et de combat. Des divergences de vues se font aussi sentir et c’est sans doute parce qu’il n’avait pas pu les exprimer dans toute leur force à propos du livre De l’Esprit que Diderot s’attacha à l’ouvrage posthume d’Helvétius : De l’Homme.

Lorsque cet ouvrage, fruit d’un travail opiniâtre de dix ans, fut publié par les soins du prince Galitzin, Diderot était en Hollande, logé chez ce prince-éditeur, attendant M. de Nariskin qui devait le conduire à Pétersbourg. Il commença, comme il le faisait toujours, par écrire les remarques que lui suggérait sa lecture sur les marges des deux volumes. À son retour de Russie, séjournant encore à La Haye pour y publier les plans et statuts des divers établissements d’éducation fondés par l’impératrice, il relut Helvétius et, reprenant ses notes, il les trans-