Ni aux autres. Cependant me permettrez-vous une supposition ? Vous avez une fille sage, trop sage, innocente, trop innocente ; elle est dans l’âge où le tempérament se développe. Sa tête s’embarrasse, la nature ne la secourt point : vous m’appelez. Je m’aperçois tout à coup que tous les symptômes qui vous effrayent naissent de la surabondance et de la rétention du fluide séminal ; je vous avertis qu’elle est menacée d’une folie[1] qu’il est facile de prévenir, et qui quelquefois est impossible à guérir ; je vous en indique le remède. Que ferez-vous ?
À vous parler vrai, je crois… mais ce cas n’arrive point…
Détrompez-vous ; il n’est pas rare ; et il serait fréquent, si la licence de nos mœurs n’y obviait… Quoi qu’il en soit, ce serait fouler aux pieds toute décence, attirer sur soi les soupçons les plus odieux, et commettre un crime de lèse-société que de divulguer ces principes. Vous rêvez.
Oui, je balançais à vous demander s’il vous était jamais arrivé d’avoir une pareille confidence à faire à des mères.
Assurément.
Et quel parti ces mères ont-elles pris ?
Toutes, sans exception, le bon parti, le parti sensé… Je n’ôterais pas mon chapeau dans la rue à l’homme suspecté de pratiquer ma doctrine ; il me suffirait qu’on l’appelât un infâme. Mais nous causons sans témoins et sans conséquence ; et je vous dirai de ma philosophie ce que Diogène tout nu disait au jeune et pudique Athénien contre lequel il se préparait à lutter : « Mon fils, ne crains rien, je ne suis pas si méchant que celui-là. »
Docteur, je vous vois arriver, et je gage…
- ↑ Nymphomanie.