Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, I.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rité parfaite et raisonnable, et je me flatte de n’avoir sur ces articles, ni reproches, ni censures équitables à craindre. Tel est le religieux respect, telle est la vénération profonde que je porte à la révélation, que dans le cours de cet ouvrage je me suis scrupuleusement abstenu, je ne dis pas de discuter, mais même de nommer les divins mystères qu’elle nous a transmis. C’est avec toute la confiance que donne la vérité, que je déclare n’avoir jamais fait de ces propositions sublimes la matière de mes écrits publics ou particuliers, et que je proteste, quant à ma conduite, qu’elle a toujours été conforme aux préceptes de l’Église autorisée par nos lois. En sorte qu’on peut dire, avec la dernière exactitude, que, fortement attaché au culte de mon pays, j’en embrasse les dogmes dans toute leur étendue, sans que cette profondeur, dont mon esprit est étonné, ait le plus légèrement altéré ma croyance.
proach, is that of Faith , and Orthodox Belief. For in the first place, it will appear, that through a profound respect, and religions veneration, we hare forborn so much as to name any of the sacred and solemn Mysteries of Revelation. And, in the next place, as we can with confidence declare, that we have never in any writing, public or private, attempted such high researches, nor have ever in practice acquitted ourselves otherwise than as just Conformist to the lawful church ; so we may, in a proper sense, be said faithfully and dutifully to embrace those holy Mysteries, even in their minutest particulars, and without the least exception on account of their amazing depth.

Je ne conçois pas comment, après des protestations aussi solennelles d’une entière soumission de cœur et d’esprit aux mystères sacrés de sa religion, il s’est trouvé quelqu’un assez injuste pour compter M… S… au nombre des Asgil, des Tindal et des Toland, gens aussi décriés dans leur Église en qualité de chrétiens, que dans la république des lettres en qualité d’auteurs : mauvais protestants et misérables écrivains. Swift, qui s’y connaît sans doute, en porte ce jugement dans son chef-d’œuvre de plaisanterie : « Aurait-on jamais soupçonné, dit-il, qu’Asgil fût un beau génie et Toland un philosophe, si la religion, ce sujet inépuisable, ne les avait pourvus abondamment d’esprit et de syllogismes ? Quel autre sujet, renfermé dans les bornes de la nature et de l’art, aurait été capable de procurer à Tindal le nom d’auteur profond, et de le faire lire ? Si cent plumes de cette force avaient été employées pour la défense