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l’homme se présente tel qu’il était, avec ses qualités et ses défauts. Nous regretterons, comme Naigeon, quelques pages un peu trop accentuées, mais nous ne les supprimerons pas. Nous imiterons nos prédécesseurs ; nous imiterons les éditeurs de Voltaire, qui n’ont jamais pensé à cacher ses fautes de goût et son fréquent mépris de toutes les pruderies et de toutes les délicatesses de langage ; nous imiterons les nombreux commentateurs de Rabelais, qui savent bien que Rabelais expurgé n’est plus Rabelais. Il y a, du reste, dans Diderot fort peu de ces erreurs et elles sont plutôt chez lui le résultat de l’emploi de la langue médicale et scientifique qu’un parti pris de scandale. D’ailleurs, encore, notre édition est sérieuse, elle ne s’adresse qu’à un nombre restreint d’hommes faits qui peuvent tout lire, comme les prêtres, et qui savent que le cynisme est moins dangereux que l’hypocrisie.

Ceci arrêté, nous avons hésité entre le classement dans l’ordre chronologique et celui par ordre de matières. Le premier a de grands avantages, mais plus d’inconvénients. On n’aime point ces sauts brusques d’un mémoire sur le calcul des probabilités ou sur la développante du cercle à un roman. Cela donne une plus juste idée de l’auteur, mais cela dérange les habitudes. Nous avons donc adopté l’ordre chronologique dans l’ordre des matières ; c’est-à-dire que nous avons classé les œuvres de notre polygraphe sous plusieurs titres : Philosophie, Belles-Lettres, Sciences, Beaux-Arts (le Dictionnaire encyclopédique et la Correspondance formant deux groupes distincts), et nous avons épuisé chacune de ces matières, qui elles-mêmes sont ici rangées dans l’ordre suivant lequel Diderot les a abordées, en donnant d’abord les œuvres datées, d’une certaine importance, et en les faisant suivre des morceaux détachés, des travaux de critique ou des fragments qui s’y rattachent. Nous espérons avoir ainsi donné satisfaction au sentiment instinctif d’ordre qui distingue l’esprit français.

Notre intervention devait encore se faire sentir dans les annotations dont il fallait accompagner le texte. Nous avons, dans des notices spéciales placées en tête de chaque ouvrage, rappelé l’historique de cet ouvrage et, autant que nous l’avons pu, les principaux jugements contemporains. Cette méthode nous a permis de ne