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Philippe de Valois avait lui-méme, par ordonnance du 13 mars 1339 ; donné un semblable pouvoir à la chambre des comptes, mais pour un temps limité ; puis, par d’autres lettres, datées de Moncel-lès-Pont-Sainte-Maxence, le 10 avril 1350, il prolonge ledit pouvoir ; et Jean-le-Bon, par ordonnance, du 26 février 1361, accorda, à des commissaires délégués dans les provinces, le pouvoir d’anoblir.

Charles V, par un mandement délivré le 21 juillet 1368, ordonne que les lettres d’anoblissement soient passées par les gens des comptes, qui fixeront la finance à payer par les impétrants. Voilà donc la noblesse mise à prix d’argent, et un tarif établi pour l’obtenir.

Mais on poussa la chose plus loin ; le fisc, toujours avide d’espèces, alla jusqu’à contraindre des gens riches à recevoir des lettres d’anoblissement. « Nous en voyons, dit la Roque, qui ont été faits nobles par force, par édits, ayant été choisis comme riches et aisés pour accepter ce privilège moyennant finance. De ce nombre a été un gros marchand du pays d’Auge, qui fut obligé d’accepter ce privilège, et de payer mille écus de finance, l’an 1577. J’en ai vu les contraintes entre les mains de son fils ».

Après que des gens avaient payé pour les lettres de noblesse, on les menaçait encore d’annuller leurs anoblissements, s’ils ne payaient nouvelle finance ; et de là, toutes les taxes et les recherches qu’on a si souvent ordonnées, sur le corps de la noblesse.

Pour remédier à ce désordre, Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, révoquèrent successivement, par des édits ou déclarations de 1598, janvier 1634, novembre 1640, juin 1643, août 1647, août et septembre 1664, janvier 1667, août 1715, les anoblissements accordés moyennant finance ou autrement, depuis les époques fixées dans ces mêmes édits ou déclarations : toutefois ce dernier prince se réserva de donner des lettres de confirmation à ceux qui, pour des services signalés dans les armées et dans d’autres emplois importants, avaient été anoblis. Il est à remarquer que, lors de la recherche de 1666, tous les anoblis du règne de Henri IV furent maintenus, malgré son édit de 1598 : on ne supposait pas que ce prince eût pu décerner sans motif un titre aussi glorieux, qui n’aurait jamais dû être que le prix de la vertu, ou la récompense de services